Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Wednesday, October 17, 2007

Vendredi 13 octobre 1307 : arrestation des templiers

13 octobre 1307 !! Une date qui reste, pour tout médiéviste, à la fois un symbole et un mystère.

Ce vendredi 13 octobre 1307, les agents du roi de France Philippe IV dit le Bel arrête sur tout le royaume les chevaliers du Temple ainsi que le Grand Maître Jacques de Molay et tous les dignitaires de l’ordre.

Effroyablement questionnés, les templiers avoueront des crimes inouïs pour l’époque : reniement du Christ, crachat sur la croix, messe sans hostie, adoration d’une idole nommée Baphomet, Sodomie… Après 7 ans d’un procès très politique, Jacques de Molay est condamné au bûcher. L’ordre entre dans la légende.

Comment en est-on arrivé là ?

Historiquement, l’ordre est créé quelques années après la réussite de la première croisade. Vers 1114-1115, quelques chevaliers dirigés par Hugues de Payns, un champenois, décident, afin de protéger les pèlerins qui se rendent à Jérusalem. En 1120, ils prennent le nom de pauvre chevalier du Christ et établissent leur quartier général dans l’ancien temple de Salomon, qui sert également de palais au roi de Jérusalem, Baudouin II.

Rapidement, le succès est au rendez-vous. De toute l’Europe, les dons affluent. L’ordre se fait reconnaître par la papauté en 1129 et ne répond que devant elle à partir de 1139. La règle des moines soldats devient une curieuse osmose entre l’idéal monastique et les lois de la guerre. Un templier peut tuer, mais il ne peut prendre femme.

En 1291, la situation a changé. St Jean d’Acre vient de tomber. L’orient Franc n’existe plus. Les chevaliers du Temple ont été incapable d’empêcher les musulmans de rejeter les croisés à la mer tout comme ils avaient échoué contre Saladin un siècle auparavant à Hattin.

Mais entre temps, l’Ordre est devenu riche, très riche. En se servant des nombreuses commanderies, les membres font office de banque. Moyennant une commission, vous pouvez déposer votre argent à Bar-Aube et le récupérer en Anatolie.

Cette richesse ajoutée au sentiment d’échec en Terre Sainte vont exacerber les jalousies.

L’arrestation des Templiers est en fait l’aboutissement d’une lutte sans merci entre Philippe le Bel et la papauté. En 1302, par exemple, les envoyés du roi, dont Guillaume Nogaret ont violenté le pape Boniface VIII à Anagni. Celui-ci ne s’en remettra pas.

De plus, la situation du royaume est catastrophique d’un point de vue financier. Les visées centralisatrices de Philippe IV coûtent très cher au Trésor. L’idée de récupérer l’immense fortune des Templiers est alors très tentante.

Durant le mois de septembre, (le 14) les différents agents du roi reçoivent une lettre cachetée qu’ils ne peuvent ouvrir qu’à une date précise. Tout possibilité de fuite est donc écartée. Le 13 octobre, la mission est enfin précisée. Il faut arrêter les Templiers, l’ordre doit être décapité. Pour cela le roi se sert de la rumeur

Rapidement, les aveux « spontanés » et une campagne habile de diffamation de l’Ordre retournent la population contre les chevaliers. La perte récente de St Jean d’Acre ne fait qu’ajouter au ressentiment. Clément V tente bien de bloquer la procédure mais, sous la pression, de Philippe le Bel, il doit renoncer.

Dès 1310, 54 templiers sont brûlés à Sens le 12 mai. 4 ans plus tard, c’est le grand maître de l’ordre, Jacques de Molay qui périt à Paris, sur ordre du roi de France. L’ordre n’existe plus et une bonne partie de ses richesses a été transférée aux hospitaliers.

On a écrit énormément sur le Temple. Des romans comme Les rois Maudits (un chef d’œuvre littéraire qui vient d’ailleurs de faire l’objet d’une excellente analyse par Colette Beaune et Eric Le Nabour). Des milliers d’articles, des milliers de livres. L’un des tout dernier est l’œuvre de Damien Carraz. Intitulé L’ordre du temple dans la basse vallée du Rhône, c’est une synthèse magistrale qui se veut une « biographie » régionale de l’ordre. Damien Carraz a également participé au numéro de septembre d’Historia consacré à la fin des Templiers.

Au-delà du procès, on s’aperçoit que de nouvelles questions apparaissent. Ainsi, le manichéisme est nettement moins de mise. On ose désormais dire que Jacques de Molay s’est mal défendu, que certains crimes reprochés n’étaient pas forcément tous issus du cerveau fécond des inquisiteurs, que l’Ordre n’était pas forcément destiné à survivre dans sa forme de l’époque et qu’une alliance avec les hospitaliers aurait pu éviter un drame. En fait, les Templiers semblent avoir été victimes de certains de leurs rites d’introduction, quelque peu ésotérique (le fameux baiser sur l’épine dorsale). On relativisera donc la « culpabilité » des templiers. En aucune manière, ils n’étaient les hérétiques décrits pas les inquisiteurs. Ce qui est certains , c’est que leur mauvaise réputation les a finalement perdue. Que cette réputation soit injustifiée , à priori, n’a eu que peu d’importance en 1307. Il fallait que les Templiers soient coupables.

Depuis 700 ans, on a écrit tout et n’importe quoi sur le Temple. J’ai pu lire, par exemple, que leur richesse venait de leurs fréquents voyages en Amérique où ils exploitaient des mines d’or (Jean Charpentier, le Mystère des Templiers). Le mystérieux trésor est l’objet de bien des fantasmes, utilisé par le Da Vinci Code ou bien des films d’aventures comme le très bon Benjamin Gates et le trésor des templiers.

On a chuchoté que le trésor avait été découvert par le curé de Rennes le château, ou qu’il avait été dispersé en Angleterre.

L’ordre a alors quitté l’histoire pour entrer dans la légende.

Les Templiers garde cette odeur de souffre car ils ont disparu tragiquement dans ce que l’on peut considérer comme l’un des premiers procès politiques de l’histoire.

Friday, August 24, 2007

Renaud de Chatillon , la biographie

Renaud de Chatillon est un personnage ambigüe : d'un côté, la plupart des connaisseurs des croisades l'estiment responsable de l'échec de 1187 et critiquent fortement ses actions dans les royaumes latins d'Orient. De l'autres, il fut jugé de manière nettement moins négative par ses contemporains car il répondait à un certain idéal de guerrier.

Pierre Aubé vient de sortir cette excellente biographie chez Fayard et, malgré des sources lacunaires (on ne sait rien des 30 premiers années de Renaud, ni de ses 15 ans où il fut emprisonné à Alep), parvient à retracer un destin exceptionnel, celui d'un cadet d'une grande famille noble de France qui trouva la fortune en Terre Sainte mais mourut de la main même de Saladin le soir de la défaite franque de Hattin en 1187.

Tirant parti de toutes les sources de l'époque, qu'elles soit latines ou arabes, l'auteur nous conte la vie de Renaud de Chatillon, sans doute arrivé en Orient lors de la 2e croisade de 1147. Rapidement, il épouse Constance, héritière de la principauté d'Antioche et devient , ipso facto, un des leaders politiques de la région. Or, Renaud n'a pas vraiment la diplomatie nécessaire pour comprendre un orient compliqué. L'auteur peine d'ailleurs à démêler les alliances, complots, représailles entre les latins, les fatimides, le sultan de Damas, celui de Mossoul.... René Bousquet dans sa monumentale Histoire de la Croisade avait mieux réussi cet aspect mais il disposait de 5 fois plus de pages. On suit donc le chevalier dans ses démélés avec ses voisins et la haine grandissante qu'il va inspirer aux musulmans. Il est vrai que Renaud ne se prive pas de piller les caravanes qui passent à portée de son fief !!

Emprisonné en 1160 à Alep, sa biographie subit une nouvelle ellipse de 15 ans. Qu'à cela ne tienne, Pierre Aubé en profite pour s'intéresser aux autres protagonistes de cette histoire : Raymond, Nur ad Din, Baudoin IV le roi lépreux, Guy de Lusignan. Avec un style fort et malgré quelques anachronismes curieux (le spectre de la guerre d'Irak vient hanter plusieurs fois le livre sans que l'on comprenne vraiment pourquoi), c'est donc toute la deuxième moitié de XIIe siècle des royaumes latins qui défile sous nos yeux.

Le retour à la vie publique de Renaud, suite à sa libération, le voit se confronter à Saladin. Là , le livre prend une tournure plus polémique. L'auteur d'une part ne croit pas que le chevalier soit le seul mauvais génie de l'époque, d'autre part, il remet en place une bonne partie de la légende de Saladin et ne lui reconnaît qu'une véritable victoire , celle de Hattîn. Armé des chroniques arabes, il montre que l'aura de celui qui unira les deux machoires musulmanes qui broyeront les royaumes latins est venu après mais que , sur le moment, ses contemporains l'ont jugé plus sévèrement, estimant que certaines de ses actions ont été des occasions manquées, voire des ratages. Ainsi, une chronique rapporte une analyse de Nur ad Din qui estime qu'il a "une certaine tiédeur à combattre les Francs". Il met également à bas l'image chevaleresque qu'on a de lui en occident. Comme tous les chefs militaires de son temps, Saladin a pillé, massacré, étripé.... et les civils n'ont pas vraiment été épargnés. Ainsi, la prise de pouvoir sur les fatimides s'accompagne du massacre de la garde soudanaise de l'ancier régime : peut être 40 000 morts.

Pierre Aubé nous raconte ensuite les tentatives audacieuses mais totalement irresponsables de Chatillon pour s'emparer des richesses arabes. Il monte une expédition en mer rouge en faisant transporter des bateaux en pièces détachés à dos de chameaux, il menace directement La Mecque, Médine. C'en est trop pour Saladin qui va l'affronter plusieurs fois mais sans jamais emporter le morceau.

Et ce n'est que lors de la bataille de Hattin, quand Guy de Lusignan, mal conseillé et mal préparé, se jettera dans la nasse de Saladin, que prend fin l'épopée de Renaud de Chatillon. Sa mort nous est racontée de plusieurs manières différentes. Dans l'une d'elle, il aurait bravé Saladin jusqu'au bout, refusant de se convertir.

Quoiqu'il en soit, cette biographie, qui se conclut par une copieuse bibliographie, incluant même le film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven, ne pourra que ravir les amateurs d'histoire et les specialistes de cette époque que le politiquement correct a désormais relégué aux poubelles de la chronologie !!

(Un croisé contre Saladin . Pierre AUBE, Fayard, 20€)

Monday, July 16, 2007

Che Gevara : derrière le mythe, la vérité

Fidèle à son éthique, Histoires et Polémiques entend casser l'image de l'imposteur gauchiste surnommé Le Che. Imposteur ? Oui, car depuis bientôt 40 ans, on nous fait croire à la bonté et l'honneteté de ce type. La réalité est bien sûr, tout autre !!

Ernesto Guevara de la Serna est né en Argentine, en 1929, dans une famille bourgeoise argentine. Après avoir caressé l’espoir d’être ingénieur, il s’orientera vers la médecine en 1947 et sera infirmier en 1951 sur des cargos militaires.

En 1952, il fait le tour de l’Amérique du Sud en moto, avec un compagnon. De ce périple sortira 53 ans plus tard, le film Carnets de Voyage, navet que tous les bobos de la planète vont idolâtrer et le placer dans leur dvdthèque aux côtés de Farenlie 9/11 ou les films "politiques" de Georges Clooney.

Mais c’est également durant ce voyage que le Che va découvrir, selon ses dires, la misère et le socialisme : il va alors rompre avec sa famille et rejeter les valeurs de sa jeunesse dorée.

En 1953, il est diplômé en médecine (même si ce point est remis en question) et part à Mexico. C’est là qu’il est présenté en juin 1955 à un certain Raul Castro. Un mois plus tard, il rencontre son frère Fidel. Le Che tombe en admiration devant Castro et il le suivra sans état d’âmes et sans se poser aucune question jusqu’à la fin.

Le 2 décembre 1956, les troupes des frères Castro débarquent à Cuba. Le Che est bien sûr du voyage et il va rapidement devenir le maître de la province de Las Villas. Trop rapidement sans doute. Jaloux de ses succès trop rapides, Fidel Castro va vite ramener sur terre le jeune Argentin. Il ne lui permet pas d’entrer en premier dans La Havane : c’est Camille Cienfungos, moins charismatique qui le fera. Le Che encaisse, comme il encaissera plus tard la mort accidentelle (si l’on en croit la thèse officielle de La Havane) de ce même Cienfungos et la prison à vie de son ami Matos.

Durant cette période "clandestine" précédant la prise de pouvoir, le Che se fait remarquer par sa brutalité. Comme le rapporte Stéphane Courtois dans Le livre noir du communisme, il va, par exemple , faire exécuter un gamin qui a commis le crime abjecte de voler un peu de nourriture.

En 1960, il se rend en URSS et en revient ébloui. L’idylle ne durera pas, mais cette visite va le conforter dans son radicalisme.

On peut reprocher quantité de choses à Guevara mais pas son aptitude à la lutte armée. En 1961, il participe avec succès à la bataille de la Baie des Cochons, Cuba mettant en échec la tentative de débarquement de la CIA afin de restaurer un régime plus démocratique dans l’île.

Mais la crise des missiles russes va faire voler en éclats une partie de ses illusions. Voyant que l’URSS ne va pas jusqu’au bout de son affrontement avec Kennedy, en refusant une guerre nucléaire (!) , Le Che se détourne de ses anciens alliés. Avec la haine de l’amoureux déçu, il commence par se désoler de cette attitude timorée puis se répand en propos de plus en plus violents contre l’URSS. Au séminaire afro-asiatique d’Alger en 1965, il insulte carrément les représentants russes.

Il commence à devenir gênant pour Castro qui décide de l’envoyer en Afrique.

Entre-temps, Le Che a eu des responsabilités écrasantes sur l’île. Il a été responsable de la prison de La Cabana où il va acquérir un nouveau surnom : el carnicerito, le petit boucher. En effet, l’idole des bobos va superviser l’exécution de 200 opposants. Fusillant sans relâche, le Che met toute son énergie à partir du 3 février 1959 à éradiquer toute opposition. Mais en plus de tous ces meurtres d’états, il effectue des simulacres d’exécutions, des tortures, des services moraux comme faire passer 40 heures à des prisonniers sans eau, sans nourriture, sans sommeil. Pour info, la note de Wikipédia , pourtant élogieuse , parle elle de 55 à 550 personnes !!

Certes, le Che n’est pas seul dans cette politique répressive. Raul Castro se flatte d’avoir fait fusiller 68 personnes en une seule journée à l’est du pays. Mais maillon essentiel de la chaîne, le Che est l’un des plus convaincus, des plus fanatiques. Pour lui la répression doit être sans faille, sans pitié.

Ainsi il écrit le 5 février 1959 « Les exécutions ne sont pas seulement une nécessité pour le peuple de Cuba mais également un devoir imposé par ce peuple ». Vu sous cette angle, on n’a quand même du mal à comprendre l’auréole que certains alter mondialistes tressent à un tel assassin. Dans le même ordre d’idée, la presse cubaine reprend les idées du Che avec des titres tels que « les exécutions éviteront davantage de sang » ou « suspendre les exécutions reviendrait à irriter le peuple ». Grand admirateur de la Terreur de 1793, Guevara ne peut qu’approuver une répression sans faille.

On pourrait penser, naïvement, que ces massacres ne seraient qu’une erreur de jeunesse. Mais en 1964, il persiste et signe : « Nous avons fusillé et nous fusillerons tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort ».


Ernesto Guevara fut aussi l’instigateur du système cubain de camps de travail forcé, ayant créé le premier de ceux-ci à Guanahacabibes afin de « rééduquer » les opposants à la révolution cubaine. Pour Régis Debray "C'est lui, et non Fidel qui a inventé en 1960 , dans la péninsule de Guanaha, le premier camp de travail correctif"

Mais la supervision de la Cabana n’est pas sa seule implication dans la politique de l’île. Il a également des responsabilités économiques. Sa politique socialiste de réforme agraire, de mise en commun des terres et d’éradication de la propriété privée est un échec total. L’armée contrôle tout, y compris la distribution de semis, mais, dans le même temps, le déficit est multiplié par 26 !! L’objectif du Che était que l’île soit totalement autosuffisante. En 1965, c’est le retour à la monoculture de la canne à sucre. Cuba devient une île sous perfusion, ne survivant que grâce à l’aide des pays frères. Guevara méprisait l'argent mais n'en vivait pas moins dans un des quartiers privés les plus riches de la Havane.

De plus en plus embarrassé, Castro décide de se débarrasser du Che. Il l’envoie chanter la bonne parole révolutionnaire en Afrique puis en Bolivie. Pour brûler les vaisseaux de son ex-compagnon, il fait lire une étrange lettre où le Che déclare renoncer à toutes fonctions à Cuba. Étrange car sujette à caution, si certains passages sont du pur Guevara, d’autres semblent soit dictés voire carrément réécrits. Quoi qu’il en soit, le Che est effondré quand il apprend que sa lettre qui devait être posthume a été rendue public par Castro.

Sans doute se rend-il enfin compte que le bourreau de Cuba l’a manipulé pendant des années ?

Au Congo, il tente de mettre sur pied une guérilla efficace mais confronté au paludisme, à des hommes totalement inefficaces (qui absorbe une drogue qui les rend « invincibles ») et à des conflits interethniques entre militants congolais et rwandais, l’expédition est un échec. Toujours aussi élégant, il estime qu’il dirige « une armée de parasites ». C'est durant ce périple africain qu'il rencontre Désiré Kabyla, autre grand assassin marxiste. Qui se ressemble...

Il ne réussira pas plus en Bolivie, où il rencontrera des « combattants » étrangers comme Régis Debray. Là aussi, il tente d’organiser des guérillas, d’allumer « un, deux, trois Vietnam » mais lâché par tous, y compris les paysans qu’il est censé représenter, le Che tombe dans une embuscade et est abattu le 9 octobre 1967.

Castro s’empare alors de l’image de son ex-compagnon de route et en fait une sorte de martyr politique. Les bobos et les gauchos de toute la planète, en rupture de messie vont alors faire le reste : occulter toutes les actions négatives de ce vulgaire psychopathe, évacuer sa désastreuse politique économique et l’élever au rang d’icône.

Le commerce n’aura alors plus qu’à faire le reste. Voilà pourquoi des milliers d’abrutis boutonneux se rassemblent avec le portrait de leur idole, le plus souvent en connaissant juste son nom. Il est vrai que connaître le vrai Che leur demanderait un minimum de culture et de travail.

Le Che n'est donc au final qu'un vulgaire pantin castriste, vrai tortionnaire, un assassin et une brute. Il a échoué quasiment partout, ruinant la vie de milliers de cubains. Son "culte" n'est pas qu'indécent. Il est surtout la preuve que l'inculture et la bêtise mènent hélas un monde devenu totalement aveugle.

On notera qu'en décembre 2006, la revue Historia a écrit un dossier relativement bien fait afin de mettre "en valeur" le vrai Che. A lire absolument !!

(Cet article a déjà fait l'objet d'une note sur le blog La pensée néoconservatrice)

Monday, May 07, 2007

Breve histoire de la Reconquista !


(Pour cet article, je me suis inspiré du petit QSJ de Philippe Conrad, La reconquista (n° 3287) et de mes notes personnelles).

La Reconquista n’est pas une guerre comme les autres. C’est une tentative réussie et longue de plusieurs siècles de plusieurs peuples pour recouvrer un espace conquis par une autre religion.

Pour Jacques Peres (Isabelle et Ferdinand, rois Catholiques d’Espagne, Ed Fayard, 1988), la Reconquista est bâtie autour d’un idéal, une idée fixe : refaire de la péninsule une terre chrétienne. Il ajoute qu’il « n’y a jamais eu d’armistice générale, seulement des paix ou des accords partiels »

Mais commençons par le début :

Le royaume wisigothique des années 700 est en crise : crise morale, crise de succession, rivalité entre les grands, mauvaise récolte, peste.

Dans le même temps, de l’autre côté de la Méditerranée, l’Afrique du Nord a été totalement comprise par l’Islam en 707. Le dynamisme musulman a balayé en quelques décennies les anciennes sociétés chrétiennes d’Afrique, l’Empire byzantin a perdu des territoires immenses. Mais l’Europe ne voit pas encore le danger.

En Espagne, l’arrivée du roi Rodrigue va cristalliser son opposition aux héritiers de Witiza. Il fait alors appel à l’aide à Musa Ben Nusayr et Tariq Ben Ziyad.

Ces derniers débarquent alors avec 400 combattants. Mais leur idée n’est pas celle de Rodrigue.

En juillet 711, Witiza est battu par Tariq à Rio Guadalete. Les troupes musulmanes font alors conquête des territoires jusqu’à Tolède où ils sont rejoints par Musa Ben Nusayr.

En 714, la péninsule est prise totalement, à l’exception du nord-ouest où se réfugient les lambeaux de l’Espagne wisigothique.

Les fils de Witiza acceptent la domination car on leur permet de garder leur terre. Par contre, et contrairement à une légende tenace, les juifs espagnols sont rapidement soumis à des tracasseries importantes.

Dans l’ensemble, les Espagnols acceptent la domination. Byzance était déjà venue (puis repartie) et même si on connaît moins bien l’Islam, on pense que l’on pourra s’y faire.

Les soubressauts de l’Empire musulman au VIIIe siècle vont permettre à Al Andalous de devenir un état indépendant grâce à Abd Al rahman.

Au IXe siècle, la situation va changer. Les nouveaux convertis se révoltent à Tolède, à Mérida, à Cordoue. Ces villes seront en partie rasées par l’émir al-hakam-1er. Il faut savoir que « l’immigration musulmane » n’a pas été des plus importantes et que les conversions forcées ont été nombreuses. Certains Wisigoths choisissent de rester chrétiens : on les appelle Mozarabes.

De plus, après la mort d’Al-Mansur, le fléau de l’an mil, qui fit trembler l’Europe chrétienne, Al Andalous va se morceler en plusieurs entités. L’unité est rompue, l’Espagne devient plus fragile.

Mais la résistance avait débuté dès la conquête de 711. Pelayo, un noble wisigoth s’est réfugié dans le nord. De plus le retentissement, de Poitiers montre que les Musulmans ne sont pas invincibles.

Mais cette résistance, durant 3 siècles, ne peut être efficace contre un état uni et bien organisé. La poussée carolingienne sous Charlemagne (la célèbre bataille de Roncevaux qui est en fait un guet-apens dû aux Gascons) et sous Louis le Pieux permet de grignoter le nord d’Al Andalous mais la défaite chrétienne de 865 à la Morcuera montre la difficulté de l’entreprise.

Jusqu’au début du XIe siècle, l’avantage est aux Musulmans. Il dispose de chefs incontestés et redoutables comme Al-Mansur (qui ira piller St Jacques de Compostelle) ou Abd-al-Malik (qui avait pris Clusio). L’intolérance d’Al-Mansur va forcer juifs et mozarabes à se réfugier dans les marches d’Espagne.

Mais avec Sanche de Léon, les chrétiens reprennent l’initiative et obligent les états musulmans du nord à leur verser tribu.

En 1065, le massacre des Chrétiens à Barbastro par Al-Mugtadir de Saragosse fait craindre une contre-attaque musulmane de grande envergure.

Mais cette réaction sera sans lendemain, malgré la victoire almoravides (des berbères) de 1086 à Zacalla.

À partir du XIIe siècle, la reconquista bénéficie de l’idéologie de la croisade, croisade qui plus est réussie en Terre Sainte.

La poussée chrétienne se fait alors irrésistible, mais elle va parfois manquer de colons pour repeupler les territoires reconquis.

Ainsi Cordoue est prise brièvement en 1146 mais l’arrivé des Almohade en 1170 rétablit la parité pendant 40 ans.

En 1212, c’est la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa. En 1229, l’empire Almohade n’existe plus en Espagne. Léonais, Castillans, Portugais, Aragonais, Navarrais, Français se sont désormais unies. Le rapport de force, de ce fait, leur est largement favorable.


En 1236, Cordoue est prise, la Mosquée devient une église. Il ne reste plus que le royaume de Grenade.

Il faudra encore plus de deux siècles pour le réduire, avec un long cortège de victoires et de défaites de part et d’autres.

En 1488-1492, Isabelle de Castille mène la dernière guerre de Grenade. La ville est prise quelques mois avant le départ de Colomb pour l’Amérique.

La reconquista est terminée.

Pour le chroniqueur arabe Ibn Iyzas , c’est une catastrophe que la perte d’Al Andalous.

En 2007, Al Quaïda revendique toujours Al Andalous comme partie intégrante du Dar Al Islam. Les attentats de Madrid de 2004 vont dans ce sens. Mais le politiquement correct nous empèche de le voir.

Sunday, March 11, 2007

Un livre à oublier d'urgences

Je travaille sur les Carolingiens et sur Louis le Pieux depuis des années (j'en ai même fait le sujet de mon mémoire de maîtrise) et qu'elle ne fut pas ma surprise et ma joie de voir qu'un universitaire avait écrit une biographie sur l'héritier de Charlemagne !!

Las, ma déception fut à la hauteur de l'espérance. Autant relire directement les éditions de Thegan, Ermold ou l'Astronome, les biographes contemporains de Louis (que l'on a jamais appelé Louis 1er, soit dit en passant) qui avaient au moins l'honnêteté de juger l'Empereur à sa juste valeur . Certes, il fut trahi par ses fils et ne fut pas forcément à la hauteur de la tâche écrasante que lui avait léguée Charlemagne mais il fut un grand souverain, qui chercha à consolider l'unité de l'Empire non pas par la guerre (même si il dirigea plusieurs campagnes contre les Bretons ou les Sarrasins) mais par la religion, par l'unification des monastères sous la règle de St Benoit d'Aniane et par le baptème, d'Harold roi des Danois par exemple.

Ivan Gobry ne fait que ressasser les vieilles lunes de la IIIeme République qui employaient le terme de "débonnaire" au lieu de "Pieux" et rendaient l'Empereur responsable de la perte de l'unité de l'Empire Chrétien. Un véritable bond en arrière de plus d'un siècle qui ne tient absolument pas compte des travaux récents de Philippe Depreux (entre autres) qui ont prouvé que Louis était bien plus qu'une marionnette manipulée par sa deuxième femme Judith.

Travaillant comme un journaliste moderne, excluant tout témoignage positif, et surtout calquant des sentiments modernes sur un personnage vivant il y a 1200 ans, Gobry raconte à la "Voici" la vie d'un homme nettement plus intelligent que le pantin qu'il décrit. Si l'on ajoute à cela de surprenant parti pris (il parle d'échec pour les 4 premières années de règne de l'Empereur alors que c'est durant cette période qu'il accomplit les réformes les plus audacieuses) , on obtient un bouquin pas vraiment inutile mais surtout trompeur.

Gobry ose même des comparaisons avec Charlemagne totalement ridicule. Par exemple , il estime que le grand Charles n'aurait pas fait aveugler son petit neveu, Bernard , comme Louis l'a fait après la rebellion de ce dernier. Quand on sait que Charles fit décapiter 4500 saxons en 782 , on peut douter de sa mansétude.

La vraie biographie de Louis le Pieux reste à écrire. C'est d'ailleurs la tâche qui m'occupe depuis plusieurs années déjà.

Saturday, February 24, 2007

Verdun , 21 février 1916-2007

La visite récente de Nicolas Sarkozy à Verdun a coïncidé avec le 81e anniversaire du début de cette terrible bataille, l’une des plus meurtrières de l’histoire humaine. Histoires et Polémiques se devait de revenir sur cet événement, d’autant que, Lorrain, je porte en moi, les stigmates de cette douloureuse époque.

1916 : Ce qu’on appellera La Grande Guerre a commencé, il y a 18 mois. Déclenché par l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, le conflit avait pourtant démarré sous les auspices d’une « guerre courte et joyeuse ». Les Français qui partaient dans la joie en août 14 récupérer l’Alsace et la Lorraine pensaient revenir pour la moisson. Rapidement, la tournure des événements a totalement changé la donne : à la guerre de mouvement a succédé une guerre de position, d’usure, de tranchée, une guerre atroce, rythmée par des saignées humaines sans précédents et organisée par des incapables qui n’ont qu’une tactique : lancer le plus d’hommes dans la mêlée en espérant déborder l’ennemi.

Le 21 février 1916, à Verdun, les Allemands déclenchent les hostilités en bombardant durant 4 jours sans discontinuer le site. Pour le général allemand Falkenhayn le but est simple: les forces de la France seront saignées à mort… que nous atteignions notre objectif ou non. On ne peut être plus clair. Verdun est une place stratégique : elle se trouve près d’une usine d’armement (Briey Thionville) et c’est un verrou qui permettrait d’encercler les forces françaises. De plus, Joffre prépare une offensive dans la Somme. Il faut donc le prendre de vitesse.

Le premier obus tombe dans la cour épiscopale de Verdun. Deux millions d’autres vont suivre durant les 96 heures suivantes. Un déluge de fer censé miner le moral des soldats français. Le paysage devient lunaire (une immense photographie que l’on peut voir au musée de la bataille montre un décor apocalyptique : plus aucun arbre mais des cratères à perte de vue). 4 jours plus tard le fort de Douaumont est pris. Mais ce laminage présente également des désavantages : la progression des troupes allemandes est fortement ralentie et cette perte de temps permet aux Français de se réorganiser. L’homme qui met en œuvre la contre attaque n’est autre que le Général Pétain qui va gagner ici l’autorité qui en fera le dernier recours en 1940.

Pétain organise une rotation intensive des troupes, établit une artère essentielle pour le ravitaillement, artère que le carpinien Maurice Barrès appellera « La voie sacrée’ . Aucun stationnement n’est autorisé sur cette route, tout véhicule en panne est poussé au fossé, le flot de camions ne doit jamais s’arrêter . Enfin, Pétain utilise l’aviation pour prévoir les mouvements ennemis.

La bataille proprement dite est alors engagée. Elle dure 10 mois. 300 000 hommes vont périr dans cet enfer (163 000 français, 143 000 allemands), des villages entiers comme Fleury sont rayés de la carte. Le 24 octobre, le fort de Douaumont est repris. Le fort de Vaux est évacué par les Allemands en novembre. En décembre, les troupes allemandes sont revenues sur leur ligne de départ. Gains territoriaux : nuls !!

Verdun fut-il une bataille pour rien ? D’un point de vue stratégique, sans doute. La bataille n’a permis aucun gain des deux côtés. D’un point de vue humain, elle démontre par l’absurde l’inutilité des batailles de masses. Mais pour le combattant français, comme pour ses contemporains, Verdun a représenté la résistance à l’ennemi « prussien ». Une bataille pour rien ? Sans doute. Mais un symbole que chaque Français devrait visiter au moins une fois dans sa vie. Devant les innombrables rangées de croix, devant le carré musulmans, devant la stèle israélite, il comprendra alors le sacrifice incroyable de ces soldats qui, tout en condamnant une guerre inutile, ont donné leur vie à la France qu’ils aimaient tant. Ils venaient de tous les endroits où l’on parlait français. Ils sont venus mourir à Verdun. Non pas pour rien, mais pour éviter que tombe le pays.

En se rendant à Verdun en ce jour anniversaire, Sarkozy n’a fait que rendre hommage au sacrifice de tous ceux qui ont défendu notre pays. Qu’il soit le seul candidat à l’avoir fait a sans doute une valeur symbolique !!

Wednesday, January 17, 2007

La première Croisade



On parle de Croisade à tout bout de champ, évoquant massacres et intolérance. Pourtant, l'idée de croisade va bien au delà des clichés.

La première croisade est un événement extrêmement important car , pour la première fois depuis bien longtemps, il va voir l'Europe sortir de son continent pour partir outre-mer. Au delà de l'aspect religieux des croisades, et du fossé qui va s'ensuivre durant des siècles, il marque la fin d'une ère et d'un confinement qui durait depuis la chute de Rome. Pour la première fois, ce n'est plus l'Europe qui subit ou qui observe mais c'est l'Europe qui donne l'impulsion. L'affrontement avec l'Islam qui va en résulter n'est pas le premier mais c'est celui qui laissera le plus de traces.

Les circonstances de la Croisade

La lente maturation de l'idée de croisade dans la religion chrétienne s'est étalée sur près d'un millénaire. A partir de l'installation du christianisme comme religion d'état dans l'Empire romain en 313, elle a cessé d'être anti-militariste pour, petit à petit , devenir le bras droit du pouvoir séculier. L'instauration de la paix de Dieu et de la trêve de Dieu lui a donné un ascendant sur les laïcs militaires et la christianisation de la cérémonie de l'intronisation des chevaliers la met au centre de cette classe. Il est donc logique que la Religion se fasse l'avocat d'une lutte armée contre ceux qu'elle considère comme infidèle.

Urbain II est pape depuis 7 ans, il a succédé en 1085 à Grégoire VII (1073-1085). Depuis Nicolas II , en 1059, les papes sont élus par les cardinaux et la dictatus papae de 1071 a confirmé la proéminence du pape sur le reste de la société. Le schisme de 1054 avec Constantinople a entamé la rupture de l'Église. La défaite du roi Espagnol Alphonse VII en 1086 a marqué un coup d'arrêt à la Reconquista, malgré la prise de Tolède un an plus tôt ainsi que la conquête de la Sicile par Robert Guiscard en 1091.

Mais du côté de l'orient, on assiste à un mouvement inverse. La prise de Bagdad en 1055 amorce un retour à l'unité perdue du premier siècle de l'Islam. Alors qu'en 1025, Byzance est au sommet de sa puissance , à la fin du siècle, sa gloire est passée et son territoire s'est considérablement réduit. En 1025, l'Empire est enfin en paix, à la fin du siècle, il est de nouveau en butte aux agressions turques.

En 1071, les Turcs Sedjoukides ont écrasé les Byzantins à Montzihert et se sont emparés de toute l'Asie Mineure. Trahi par ses ennemis de l'intérieur, Romain IV Diogène est prisonnier. Alp Arslan le libère mais ses troupes , turcomanes, déferlent sur l'Anatolie. Cette unité ne durera cependant pas : dès 1092, à la mort d'Alp Arslan , le sultanat se morcèle. Les Turcs ne colonisent pas toute la Syrie qui reste majoritairement arabe.

On y trouve également des orthodoxes (jacobites et monophysites) , surtout en Syrie du Nord et en haute Mésopotamie, des Grecs Orthodoxes qui s'arabisent peu à peu, des maronites au Mont Liban, des moines géorgiens, des Arméniens grégoriens (Monophysites), tout un aréopage de chrétiens qui résistent, tant bien que mal, à la pression muslumane.

A Constantinople, on regarde l'Occident avec condescendance , voire mépris. Mais l'an Mil , passées les grandes famines, voit les royaumes francs se redresser. La pauvreté régresse, les seigneurs s'affirment face à la royauté , la chevalerie émerge.... L'Eglise veut alors contre balancer la société guerrière laïque. On instaure la Paix de Dieu et la Trêve de Dieu. Et on commence à affirmer qu'il existe une guerre juste, contre les infidèles.

Le concile de Clermont

Dès 1074, une première idée de croisade naît mais elle n'est pas suivie d'effet. Grégoire VII aurait reçu une demande d'aide de Michel III, l'empereur de Byzance. En échange d'un secours de l'occident pour les chrétiens d'Orient, il rouvrirait les négociations de réunification. En 1055, les légats du pape ont excommunié le patriarche Michel Serulaire. Mais ce n'est qu'en 1204, lors du sac de Constantinople que l'incident sera rebaptisé en Shisme par la papauté.

La raison principale est l'interdiction faite par les Turcs aux pèlerins de se rendre sur la tombe du Christ. A la lumière de l'historiographie récente, cette interdiction a sans doute été exagérée par Urbain II afin de susciter un enthousiasme populaire. Certes les Turcs faisaient subir moult vexations aux pèlerins, beaucoup plus que les anciens maîtres de Jérusalem, les Fatimides, qu'ils avaient battu en 1078 , mais le pélerinage n'était pas interrompu pour autant.


A Jérusalem, un moine, Pierre l'Ermite a rencontré le patriarche de Jérusalem, Siméon. Celui ci lui aurait remis une lettre que Pierre avait pour mission de donner au pape. En revenant en Europe, Pierre commence alors à prêcher l'idée d'une expédition qui aurait pour but d'aider les chrétiens d'Orient.

Au concile de Plaisance, en mars 1095, Urbain II a lancé un triple programme : Rétablir l'unité de la chrétienté (visant le schisme de 1054), restaurer la discipline dans l'Église et assurer sa défense. Jérusalem est en ligne de mire. Là aussi, on assiste à un appel du Basileus Alexis 1er et le pape incite ses fidèles " à promettre par serment d'aller au secours d'Alexis"

Huit mois, plus tard, nouveau concile à Clermont dont on a souvent exagéré l'importance : 13 ou 15 archevêques, 80 évêques, 90 abbés. On est loin des conciles massifs qui viendront plus tard. Il sera question de :
* L'excommunication de Philippe 1er de Bertrade, déjà condamnés à Plaisance.
* Des mesures afin de réformer le clergé, de lutte contre la simonie et de discipline éclésiatisque, là aussi dans la ligne de Plaisance.
* De moyens pour faire observer plus strictement paix et trêve de Dieu.

Sur ce dernier point, on sait que Cluny fut en pointe du combat, cherchant à détourner l'ardeur guerrière des nobles vers des combats plus "spirituels", au moins plus efficaces pour la chrétienté, comme la Reconquista. Or, Urbain II est un ancien de Cluny (de 1073 à 1077).

Si les 9 premiers jours sont consacrés à ces points, le 27 novembre, Urbain II lance son appel à Notre Dame du Pont , ayant gardé secret durant le début du concile son projet de croisade.


Deus Lo Volt

La réponse est immédiate et des milliers de gens vont alors se lancer sur les routes qui mènent à Jérusalem.

A Clermont, Urbain II va recevoir l'appui de laïques. Pierre l'Ermite prendra la tête de la croisade populaire. Robert D'Arbristan est le premier grand à se raillier. Puis le pape fera une tournée , appuyé par l'évêque du Puy, Adémar de Monteil , afin de répéter son message : Limoges, Angers, Le mans, Tour puis le Poitou et le Bordelais. Il prêche par la force la reprise de Jérusalem.

Ses thèmes sont les suivants :
La terre sainte est occupée depuis 4 siècles.
Le Saint Sépulcre a été détruit par le Calife Al-Hachim
Le contrôle des turcs sur la route du pèlerinage empêche les chrétiens de se rendre à Jérusalem.

Mais dès cette prédication, une ambiguïté apparaît : aller jusqu'à Antioche ou Jérusalem ? Porter secours aux chrétiens d'Orient ou libérer les lieux saints ?

Urbain II promet alors une indulgence pleinière pour tous ceux qui partiront en croisade.

La date de départ est fixée au 15 août 1096, le jour de l'assomption de Marie. Mais Pierre l'Ermite, assisté de Gauthier sans avoir, un pauvre chevalier, partira dès le 8 mars, avec près de 20 000 pèlerins.

Une croisade antisémite ?

Avant d'arriver en Terre Sainte, les croisés vont surtout se faire remarquer par un antisémitisme forcené, des massacres et des pogroms. Tant la croisade populaire que la croisade des seigneurs tremperont dans ses exactions. On massacre les juifs comme "ennemis de Dieu" dixit Emich. Autour de Pragues, le prête Folkmar et sa troupe se livrent à des pogroms. Ils seront anéantis un moins plus tard.


Un autre pillard, Gottshalk subira le même sort en Hongrie par l'armée de Coloman. Enfin, citons le cas de Emich de Liesingen , un chevalier brigand qui commence sa propre croisade en massacrant les juifs des villes de Rhénanie qu'il traverse : Cologne, Trèves, Worms... A Mayence, 1300 juifs sont tués, malgré les protestations des Évêques et des seigneurs . Lui aussi sera exterminé par le roi de Hongrie Coloman .


On s'appuie sur des rumeurs. Ne dit-on pas que Ademar de Chabannes et Raoul Glaber, en 1030 et 1050, auraient écrit que les juifs ont prévenu le calife Al-Hachim de l'arrivée prochaine des croisées ? Cette affirmation, totalement fausse (comment les deux éclésiastiques auraient-ils pu prévoir un événement qui aura lieu 50 ans plus tard) n'est pas moins un puissant prétexte.



Même Godefroy de Bouillon brûlera des juifs dans la synagogue de Jérusalem si l'on en croit le chroniqueur arabe Ibn-Al-qalanisi.



Mais en y regardant de plus près, le motif antisémite n'est pas le seul. En fait, ces croisés sont partis sans provisions. Ils se logent et vivent sur l'habitant. La tentation est alors grande de prendre par la force ce que les habitants ne veulent pas forcément donner. D'ailleurs, les pèlerins pilleront même des villages chrétiens quand ils n'auront plus de juifs "sous la main". Cet état d'esprit pillard sera la cause de maintes discordes entre le Basileus et les croisés. Ainsi, à Semlin, juste avant d'entrer en territoire byzantin, la troupe de Pierre l'Ermite prend d'assaut la ville et tue une partie de ses habitants pour un problème de ravitaillement.



La désastreuse croisade populaire

La croisade dite populaire s'est donc distinguée par des pogroms, des pillages et des massacres dans toute la partie orientale de l'Europe.

Comme dit plus haut, la troupe emmenée par Pierre l'Ermite est partie dès mars 1096. Il rejoint Gautier sans avoir qui traverse tant bien que mal l'Empire Romain Germanique. Son "armée" est indisciplinée et le Basileus juge dangereux de la laisser sans contrôle. Cependant, il l'autorise à camper près de Constantinople le 20 juillet.

Le Basileus Alexis fut informé de l'arrivée prochaine de cette cohorte sans doute été prévenu par des lettres venant d'Urbain II. Mais il entend avoir un minimum de contrôle sur une troupe qu'il juge barbare et plus dangereuse que celle de Gautier. C'est le gouverneur byzantin Niketas qui est chargé de cette mission mais il n'y parvient pas et se retire sur Nish. Belgrande sera alors pillée par les croisés. Arrivé devant Nish, la promesse de non agression faite à Niketas n'est pas tenu et les Croisés, de nouveau, tentent de piller la ville. Niketas va alors massacrer une partie des croisés. Alexis envoie alors une ambassade pour intimer à Pierre l'ordre de respecter les territoires traversés s'il veut garantir la suite du voyage. Cette fois ci, les croisés se soumettront et le reste du voyage se passera sans encombre.

Il l'autorise à camper près de Constantinople mais pas plus de 3 jours. Arrivé le 1er août 1096 , Pierre rejoint Gautier sans Avoir qui l'attend depuis plusieurs jours. Les croisés sont maintenus à l'écart de la ville mais même ainsi, des heurts éclatent ainsi que des saccages. Les croisés feront même rotir le lion d'Alexis II. Le Basileus fait alors traverser le Bosphore à cette armée disparate et la laisse sur la rive orientale. Là, ils devront attendre les armées des Princes à Civitot. Mais les terres de Nicée sont trop tentantes : une partie de l'armée s'en va les piller. Un des lieutenants de Gautier, Renaud parvient même à enlever provisoirement aux Turcs le château de Xerigordon . Quand les Seljoukides s'en empareront de nouveau, ils massacreront tous les chrétiens présents.

Fin août , les croisés vont vers Nicomédie mais se heurtent aux Turcs : la défaite est sanglante, une partie des croisés est massacrée ou vendue comme esclave. Pierre retourne , incapable de discipliner sa trouve, s'en va chercher de l'aide auprès d'Alexis et laisse à Gautier le soin de garder le campement. le 21 octobre, les pelerins survivants (25 000 selon certaines sources - la troupe ayant grossi au gré du voyage) s'en vont vers Nicée, encadrés par moins de 500 chevaliers. Mais ils tombent dans une embuscade tendue par lQilij Arslân ibn Sulaîmân, l'émir d'Anatolie. Moins de 3 000 personnes survivront pour se réfugier dans la forteresse de Civitot, immédiatement assiégée par les Turcs. Des troupes venant de Byzance permettront l'évacuation de ces débris d'armée.

Cette évacuation met fin à la croisade populaire. Un sinistre pyramide d'ossements en rappellera l'échec.

Pour certains chroniqueurs, ce désastre est la conséquence des péchés des croisés , d'autres estiment que le Basileus a tout fait pour précipiter cette fin. Car , pour les croisés, le Dieu des chrétiens ne pouvant être vaincu , la défaite est forcément due à la trahison

L'arrivée des princes

Urbain II avait réussi à ralier plusieurs hauts seigneurs occidentaux. Il avait écarté les princes espagnols qui devaient selon lui s'occuper de la Reconquista. Raymond de St Gilles, comte de Toulouse, Hugues de Vermandois , frère du roi de France Robert 1er , répondent à l'appel. Robert Courteheuse, duc de Normandie, Godefroy de Bouillon, duc de Basse Lorraine et son frère Baudoin, Bohémond de Tarente , fils de Robert Guiscard (le conquérant de la Sicile), Etienne de Blois, Robert de Flandres , Adémar du Puy complèteront cette armée qui n'est pas composée, comme on a pu le dire, de seigneurs déclassés ou cherchants un fief. Mais cette armée ne dépend d'aucun royaume.

Les grands seigneurs sont partis en ordre dispersé. Quand Hugues arrive à Constantinople, Godefroy de Bouillon est aux frontières de l'Empire Byzantin, Bohémond de Tarente est sur les rives de l'Adriatique.
Robert de Normandie, Étienne de Blois et Robert de Flandres campent à Rome.
Quand à Raymond de St Gilles et Adémar du Puy, ils sont encore en France. 4 routes différentes en tout pour rejoindre Constantinople.

Alexis va alors chercher à obtenir un serment de fidélité de la part des princes. Il a en mémoire l'exemple de Roussel de Bailleul, un aventurier normand qui s'était mis au service de Michel VII Doukas mais qui en avait profité pour se tailler un fief dans les territoires d'Empire. A tel point que Michel du faire appel aux Turcs qui l'avaient battu en 1071 pour se débarrasser de l'encombrant aventurier.

Le Basileus n'entend donc pas voir les princes occidentaux reconquérir la Terre Sainte à leur profit mais entend recouvrer les terres perdues de l'ancien Empire à son profit. Il sait recevoir et tente par le faste de son accueil d'amadouer les princes.

Hugues arrive donc le premier, escorté (en fait très étroitement) par Jean Commène, neveu du Basileus. Il prêtera serment.

Puis Godefroy rallie Constantinople mais cherche à éviter la rencontre en prenant comme prétexte l'attente des autres princes. Le Basileus interrompt alors son ravitaillement. Godefroy pille l'arrière pays afin de nourrir son armée. L'arrivée des autres princes le 20 janvier 1097 débloque la situation et serment de fidélité est alors formulée. Les seigneurs d'occident doivent se plier à la coutume byzantine qui oblige à se prosterner devant l'Empereur puis font hommage comme en Occident.

Le 4 avril , Bohémond prête également serment. Le 21 , c'est au tour de Raymond de St Gilles de faire la même chose, quelque peu forcé par les autres princes.

Cette attitude décevra beaucoup les soldats croisés qui ne comprennent pas pourquoi il faut prêter serment fidélité à un Empereur qu'il juge efféminé voire traître. Le fossé ne cessera de s'agrandir. Alexis estime que les Croisés sont là pour reprendre Antioche à son profit tandis que les occidentaux ne rêvent que de Jérusalem. L'incompréhension explique la suite de la croisade.

Le chemin vers Antioche

Fin avril, les croisés se mettent en route vers Nicée et y mettent le siège le 6 mai 1097. Robert de Flandres, Hugues le Grand, Godefroy découvrent en route les ossements nombreux des participants de la croisade populaire. Entre temps, ils ont été rejoints par Robert de Normandie et Etienne de Blois le 29 mai.

Les Turcs envoient une armée pour dégager la ville de son étau : elle sera taillée en pièces par ceux que l'on appelle désormais les francs. Mais le siège ne porte toujours pas ses fruits. Le Basileus envoie alors une flotille, le 17 juin, pour prendre la ville à revers, à partir du lac qui la ceinture. Cette fois, les défenses tombent et Nicée est prise. Mais les Croisés n'ont pas le droit d'entrer dedans et doivent la restituer à Alexis. Ils ont alors la détestable impression que le Basileus les utilise comme des mercenaires (qu'il paie fort mal de surcroit) et se sert d'eux pour accroître son empire à moindre frais. De plus, il ne tient pas sa promesse de mettre à la disposition des Francs une armée supplémentaires.

La croisade continue, toujours plus loin au sud. Le voyage est terrible. Le 1er juillet, les Turcs attaquent Robert, Bohemond et Etienne à Dorylée. Le choc est frontal et sanglant. Mais les croisés tiennent bon et les Turcs subissent une défaite qui les fera réfléchir. Désormais ils n'attaqueront plus la cavalerie franque en terrain découvert et en bataille rangée. Ils préfèreront les coups de mains, le harcellement , la destruction des sources de vivres... Après Dorylée et Conius, c'est la traversée des montagnes de l'Anti-Taurus, entre Césarée et Marash. Traversée terrible. On dévore les chevaux mort de soif. Bohémond aurait même fait couper en morceaux et rôtir les espions turcs attrapés autour du camp.

Le 20 octobre, les Croisés sont enfin en vue d'Antioche. Durant le voyage , des villes occupées par des Chrétiens, des Syriens ou des Arméniens ouvrent leur porte, montrant ainsi leur désir d'être libérés des Turcs.

Le siège d'Antioche

La ville est une vieille cité fortifiée, hérissée de 400 tours, accolée à une montagne et ceinte par un fleuve : imprenable. Seul le siège peut en venir à bout. Il va durer 7 mois et s'imposera comme la plus terrible épreuve que subiront les croisés. La maladie, la famine, la pluie qui change le camp en bourbier et les attaques des Turcs vont transformer le siège en enfer.

Le maître de la ville, Yâghi Siyarn est peu aimé. Il a fait expulser les chrétiens et les syriens qu'il suspecte de vouloir passer à l'ennemi. Bien à l'abri derrière ses murailles, il se contente d'attendre l'aide du maître de Mossul, Karbuq. De leur côté, les croisés recevront une aide (légère) du Basileus dans cette entreprise de conquête.

Le 23 décembre, Bohemond et Robert vont à Alep chercher des vivres. Attaqués sur le chemin du retour, ils se voient dépouillés de leurs vivres par les Turcs. Entre temps, le camp a été attaqué, certains chefs sont malades.

Pierre l'ermite cherche à fuir en janvier mais il est rattrapé et humilé par Bohemond. Un mois plus tard, en février, ce sont les grecs de Tarquin qui repartent à Constantinople.

Le 5 mars , les croisés sont de nouveau attaqués mais ils parviennent à tuer plus de 1500 turcs. Leurs têtes serviront de projectiles lancés dans l'enceinte de la ville ainsi que de "cadeaux" destinés à des ambassadeurs fatimides, réjouis de voir les Turcs qui ont détruit une partie de leur empire être menacés à leur tour.

Le blocus est alors total. Mais l'armée de secours de Karbuqâ est en vue. Elle assiège Baudoin en vain à Edesse puis repart vers Antioche. Etienne de blois se retire à Alexandrette et veur rentrer en France. Il annonce même à Alexis que tout est perdu;

Mais entre temps, Bohemond est parvenu à rentrer dans la partie basse de la ville, profitant de la traîtrise d'un certain Frirouz qui leur a permis d'escalader une tour de garde. Les Croisés deviennent alors les assiégés de l'armée de Karbuqa. Certains désertent.

Un certain Pierre Bathélémy , un prêtre, affirme alors qu'il a eu une vision plusieurs mois auparavant et que la sainte lance, qui aurait percé le flanc du Christ, se trouve dans la cathédrale d'Antioche. D'autres croisés affirme avoir vu Jésus en songe qui leur a reproché leur débauche. Le 14 juin, la lance est effectivement trouvée dans la cathédrale. Bohémond prend alors le commandement et ordonne 3 jours de jeûnes et de processions. Il fait une demande d'ordalie à Karbuqa qui refuse.

Le 28 juin, l'armée franque se rue en ordre de bataille sur les Turcs, aidée par des Syriens et des Arméniens . Raymond d'aguiliers tient avec lui la sainte Lance. Contre toute attente la victoire est totale, Antioche tomber totalement aux mains des croisés.


Les croisés ne profitent pas de cette débandande. Au contraire, ils vont tout faire pour retarder le départ vers Jérusalem. Les différents princes cherchent à se tailler des fiefs dans les terres conquises ce qui engendrera des tensions entre eux. Le serment de fidélité envers Alexis est soigneusement mis de côté. Bohémond revendique Antioche mais se heurte à ses pairs.

Le 12 décembre, la ville de Ma'arrat est prise. Mais une partie de l'armée croisée a developpé une idéologie bien singulière : l'ébonisme, estimant que le dénuement est la force de leur salut. Ils forment la troupe des Tafurs. Après la ville de Ma'aarat, il massacre la population et détruisent la ville, afin d'obliger les Barons à continuer la route.

Il faut attendre le 3 mars 1099 pour que la croisade soit relancée suite aux pressions des "petites gens" qui n'ont pas oublié le but premier du voyage : Jérusalem.


Les croisés reprennent la route, conquiert des villes comme Arga, Tripoli et arrivent devant Jérusalem le 6 juin. Un nouveau siège commence. L'arrivée d'une flotte génoise , apportant des vivres et du matériel, redonnent courage et énergie aux aux croisés. Godefroy et Raymond font alors construire des tours d'assaut gigantesques afin d'atteindre le haut des murailles. Les Francs découvrent également des madriers dans une grotte et Bohemond a une vision : la ville sera prise après 9 jours d'assaut si les croisés font une procession. Pierre l'Ermite se retire sur le mont des oliviers pour prier.

Après 3 jours de jeûne, les croisées effectuent une procession sous les murs de Jérusalem, sous la risée et les injures des Turcs. Ils sont "Israël sous les murs de Jéricho" (George Tate)


Le 14 juillet, c'est l'assaut. La première attaque est repoussé. Mais le 15, Godefroy met en branle ses tours , les croisés sautent sur les créneaux. Par la porte st Etienne, chevaliers et pietons entrent dans Jérusalem. La ville est alors prise et le carnage sera total. Durant plusieurs jours, nul n'échappe à la fureur des croisés. Ecoutons Raymond d'Aguiliers

"Nous dirons simplement que dans le temple et dans le portique de Salomon, on chevauchait dans le sang jusqu'aux genoux, jusqu'au frein des chevaux"

Bien entendu ce carnage choque tout le proche Orient et laissera un souvenir durable. Ben Laden ne parle-t-il pas des "croisés" ?

Au terme des combats, les chefs militaires se rendent à l'Église du St Sépulcre afin de rendre hommage à Dieu. Un vieil homme se jette alors aux pieds de Pierre l'Ermite : le successeur de Siméon le patriarche qui lui avait demandé son aide.

La victoire d'Ascalon le 12 août contre les fatimides clôt le chapitre militaire. Les croisés reviennent chargés de butin et persuadés que Dieu ne les abandonnera plus . Le voeu des croisés est accompli. Certains resteront en Terre Sainte pour la tenir contre les Turcs, d'autres, nombreux, vont préférer rentrer en Occident, auréolé de gloire et de souvenirs guerriers. Mais que de crimes commis au nom de Dieu !! Des pogroms en Europe au massacre du temple du Salomon, la face noire de la Croisade n'en est pas la moins importante.

Godefroy de Bouillon est alors élu Avoué du St Sépulcre. Il est préféré à Raymond pour sa piété et sa modestie. Arnoul est élu Patriarche , en attendant le choix définitif du pape.

Les seigneurs vont alors organiser la Terre Sainte en 4 Etats (voir carte ci contre) et importer la féodalité en Orient.

Mais moins d'un an plus tard, Godefroy rend l'âme. Son frère Baudoin 1er le remplacera. Il va conquérir Arsouf, Césarée, Acre et 1104 puis Beyrouth et Sidon en 1110.



Il se taille alors un fief immense qui va jusqu'à la forteresse d'Aïlah sur la mer rouge. Baudoin II, son successeur fera construire le fameux Krak des chevaliers, près de Tripoli. Il sera également à l'origine de la création des Templiers

La 1ere croisade est quasi - terminée. Elle a vu la victoire des Chrétiens mais mal préparés à cet orient qu'ils connaissent mal, ils vont rapidement heurter les mentalités des musulmans et préparer l'échec final de cette série d'expédition.



Les Etats du Nord vont donc se developper lentement. Le comté d'Edesse a ses frontières dès sa formation. Mais les autres principautés doivent constamment surveiller leurs frontières.

On assiste aussi à des accords de protection : Ainsi en 1118, les Francs imposent à l'Emir d'Alep Yaruqtash le privilège pour leurs armées de convoyer sous leur protection (et moyennant le paiement d'une taxe) les caravanes qui vont d'Alep jusqu'à La Mecque.

Petit à petit, les Etats se solidifient. La captivité de Baudoin II entre 1123 et 1125 ne change pas la donne. Mais les Francs restent une minorité face à une armée arabe désireuse de prendre sa revanche.