Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Friday, December 22, 2006

Little Big Horn de David Cornut


La parution du livre de David Cornut constitue un événement dans l’historiographie francophone car il concerne un domaine rarement exploré : l’histoire du XIXeme siècle aux USA. De plus, il ose s’attaquer à un personnage totalement décrié en France : le général Custer !! Si vous voulez rire, tapez donc Custer dans le moteur de recherche d’Herodote.net. Il est vrai qu’Hérodote, historien grec était connu, dès l’antiquité, pour ses approximations, exagérations voire inventions, à la différence d’un Thucydide, d’une rigueur totale et qui inventa l’histoire en racontant la guerre du Péloponnèse.
Raciste, tueur d’indien, incompétent, arrogant, rebelle… Voilà la liste des « qualités » que l’on accorde généralement à Custer en France, mais aussi aux USA, dans les milieux dits « progressistes ». Non seulement, le livre balaie toutes ces idées reçues, mais surtout il donne un aperçu intégral sur la bataille, alternant le point de vue des soldats et celui des Indiens. La somme de travail sur les témoignages donne le vertige et on sent là le travail d’un passionné, et non un vague argumentaire sorti à la va vite pour se faire du fric !
La première partie est une biographie sincère et passionnée de Custer. On y découvre un jeune soldat, rétif à toute autorité, mais dont le charisme et les qualités militaires vont rapidement en faire un des héros de la jeune Amérique. David Cornut en profite pour dépeindre la vie des soldats de la cavalerie US. On est bien loin des John Ford (même si je trouve que ses westerns sont de véritables chefs d’œuvre. Revoyez donc La chevauchée fantastique !!) et l’on découvre une armée hétéroclite, manquant de tout mais tenant fermement à protéger la toute jeune démocratie. L’ambiance très particulière du 7e de cavalerie est bien rendue. Ces premiers chapitres insistent également sur le rôle de Custer durant la guerre de sécession et l’on comprend alors mieux l’aura qui va alors le marquer et ce malgré son manque de discipline patent. Les gloires (et les échecs dont un qui lui vaudra une année sans solde suite à une première campagne indienne ratée) de Custer, son attitude parfois brutale envers ce qui , contrairement à lui, refusent de se mettre totalement au service de la jeune démocratie, en font un personnage atypique mais tellement représentatif du Far West légendaire.

Dans une deuxième partie, l’auteur en profite également pour dynamiter les idées reçues sur les Indiens et montre qu’au-delà de l’idéalisme romantique, les tribus étaient constituées d’hommes, ni plus ni moins et que ces derniers étaient autant capables d’une rare cruauté que d’un courage sans limites. Ainsi les portraits de Crazy Horse ou de Sitting Bull décrivent les deux chefs indiens avec toutes leurs ambiguïtés. On voit Sitting Bull devenir un véritable fantasme vivant pour les belles américaines . On y voit aussi comment s’organisaient ces tribus, que le romantisme véhiculé par les westerns new-age n’est pas vraiment la totale vérité. Tout comme pour Custer, Cornut n’esquive pas les faces noires et se refuse à écrire des hagiographies. Rédigée d’une manière claire (le style est direct et jamais ampoulé) , ce premier acte qui va de la jeunesse de Custer à la veille de la bataille passionne en passant par la psychologie des Indiens des plaines ferait la base d’un excellent western. Enfin, pour bien comprendre la situation, Cornut nous explique l’importance des Blacks Hills , leur ouverture à la colonisation, les échecs des négociations avec les Indiens…. Bref, on a alors tous les atouts pour comprendre la signification de la bataille.

La troisième partie s’intéresse à la bataille proprement dite : on entre alors dans une narration quasiment à la minute, où la stratégie, expliquée au moyen de plusieurs cartes, permet de comprendre comment Custer s’est retrouvé piégé et a finalement trouvé la mort. Là aussi, l’auteur balaie toutes les idées reçues (les milliers d’indiens, la soi disant incompétence du général..) et n’hésite pas à pointer les vraies coupables du désastre, le général Reno en tête. S’appuyant sur l’archéologie , sur les témoignages des survivants indiens et américains, Little Big Horn se déroule sous nos yeux, alternant les points de vue des deux camps. Là aussi, un scénariste n’aurait aucun mal à en faire un excellent western. Cornut fait parler tous les protagonistes, parfois même dans les différentes langues indiennes. Le boulot d’érudition est énorme ainsi que l’imposante masse de notes (que l’on aurait préféré trouver en bas de page et non à la fin de chaque chapitre). Les expressions en langue indienne ou anglaise sont bien évidemment toutes traduites.
La quatrième partie s’intéresse aux retentissements énormes de la défaite mais aussi aux tentatives de salir Custer. C’est, bien entendu, celle qui fera le plus de polémiques, même si en France, il est clair que le sujet ne passionne pas. L’auteur refait donc le procès, met en lumière les mensonges de Reno et Bentheen devant la commission d’enquête. Là aussi, le travail sur les témoignages, la mise en parallèle des rapports et des auditions sont considérables. Aucune ligne n’est vraiment inutile et l’on comprend alors mieux la légende noire qui entoure désormais le général Custer.

Puis l’auteur termine son histoire : il s’intéresse à la fin des guerres indiennes, rétablit la vérité sur le massacre de Wounded Knee, relate à travers une imposante suite de petites biographies la fin de la vie des protagonistes survivants de Little Big Horn.

Enfin, un copieux lexique clôt le livre en beauté.
Cerise sur le gâteau, le livre est un bel objet, agrémenté de photos inédites (certaines ont été prises par l’auteur sur les lieux de la bataille) et figurera en bonne place dans la bibliothèque de tout amoureux de l’Histoire qui se respecte. Little Big Horn montre que la jeune garde universitaire n’a pas dit son dernier mot et que surtout, elle entend sortir des sentiers du politiquement correct. Il était temps !!

7 Comments:

At 1:13 AM, Anonymous Anonymous said...

Bonjour,

Bon réveillon, je vous écrit pour voir si vous souhaitez que votre texte fasse partie d'un article sur ce livre pour le Wikipédia ?

Je sévit sur ce site sur ce pseudo :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilisateur:L'amateur_d'aéroplanes

J'ai déja écrit 3 articles concernant des livres et je peux vous aidez concernant la mise en page si vous le désirez ;)

Cordialement, Goudon Frédéric

 
At 1:23 AM, Blogger davethesith said...

Je ne vois aucun inconvénient à ce que vous publiez mon texte. Pensez juste à en indiquer la source.

Merci et à Bientôt

 
At 9:55 AM, Anonymous Anonymous said...

Je m'y aprés les fétes, merci ;)

 
At 11:24 AM, Anonymous Anonymous said...

Voilà qui remet les pendules à l'heure.
Merci, Dave, pour cet excellent texte.

 
At 1:14 PM, Anonymous Anonymous said...

J'ai acheté ce livre et je ne le regrette pas, c'est de l'excellent travail, en espérant que la jeune garde des historiens sera moins concensuelle que l'ancienne.
Je découvre votre site et j'apprécie. J'espère vous lire encore longtemps.

 
At 8:05 AM, Anonymous Anonymous said...

Bonjour David,
Je te remercie pour ta visite, qui me permet de connaitre ton blog très bien documenté.
A très bientot!
Je m'empresse de mettre ton adresse dans mes favoris!
bonne soiree
Deborah

 
At 11:23 AM, Blogger davethesith said...

merci pour ton aide, Deborah.

Pour ma part, je n'ai pas eu le temps de me pencher vraiment sur ma liste de liens sur ce blog. Mais je vais m'y mettre , promis !

 

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