Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Monday, October 23, 2006

25 octobre 732 : Poitiers


L'islam s'est répandu comme une traînée de poudre durant tout le VIIe siècle, balayant l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Asie. Le royaume Wisigothique d'Espagne est tombé en 711 et le dynamisme de la nouvelle religion ne faiblit pas. Malgré la résistance des derniers Wisigoths, réfugiés au nord de l'Espagne, c'est la Gaule mérovingienne qui est désormais en ligne de mire….

À l'assaut du royaume franc

Abd-er-Rhâman, émir de Cordoue, veut étendre ses conquêtes au-delà des Pyrénées. En 719, Narbonne est prise. En 725, c'est au tour de Carcassonne et Nîmes. Puis Bordeaux est mise à sac. L'Aquitaine devient une terre de pillage, très tentante car riche. Et les rois mérovingien, les descendants de Clovis, n'ont plus assez de pouvoir pour s'y opposer.

Charles Martel

Charles est le fils bâtard de Pépin de Herstal, maire du palais d'Austrasie. Un Carolingien donc, à la solde d'un roi Mérovingien. Il a réussi à s'imposer face aux Neustriens. Riche, il possède de nombreuses villae dans la région de Metz et de Verdun. La femme de Pépin , plectrude, a fait enfermer Charles . Celui s'évade à 25 ans, en 714, à la mort de son père.

Il va reprendre la place de son père comme Maire du palais d'Austrasie. Il multiplie les campagnes à partir de 716 contre les Frisons, les Saxons, les Alamans. Il va jusqu'au Danube soumettre les Bavarois. En 731, il s'attaque à Eudes d'Aquitaine. Eudes qui avait déjà eu affaire aux sarrasins : en 721, il les bat à Toulouse puis, afin de conjurer le péril, s'allie à Mununza, le gouverneur berbère de Septimanie. Mais ce dernier est tué par Abd-er-Rhâman qui reprend le pillage du sud de la Gaule.

L'appel d'Eudes

Quand les Sarrasins, après avoir pillé le sud de l'Aquitaine, prennent le chemin de St Martin de Tour, une riche abbaye, Eudes n'a guère le choix, il doit faire appel à son ennemi même s'il craint que Charles Martel n'en profite pour s'emparer des richesses de l'Aquitaine.

Charles va alors rassembler son armée, après avoir publié le ban. Il passe la Loire à Orléans et se dirige vers Tour, non loin de l'abbaye. Il prend ensuite la direction de Poitiers, son armée s'étant fondue avec celle d'Eudes. A Moussais, sur la commune de Vouneuil-sur-Vienne, les Francs sont face aux Sarrasins. Durant 6 jours, les cavaliers s'observent, se jaugent, se livrent à quelques escarmouches.

Le choc des civilisations

Le samedi 25 octobre 732, premier jour du Ramadan, les deux armées sont face à face. Abd-er-Rhâman , une fois la prière du midi terminée, lance la charge aux cris de "Ahadoum, ahadoum" (il n'y a qu'un seul dieu).La tactique est limpide : éviter la confrontation générale, émietter l'armée adverse et transformer la bataille en une succession de petits duels. Mais les Francs, en guerre depuis 20 ans, ne se laissent pas intimider par les cris des musulmans, pas plus que par la pluie de flèches qui tombe sur les premiers rangs. C'est au tour des francisques de se lancer à l'assaut des vagues arabes qui ne parviennent pas à briser le mur franc.

Vers la fin de l'après-midi, l'armée franque passe à l'offensive. Brutale, sanglante. Profitant de la fatigue des Sarrasins, ils font un véritable carnage dans leur rang. Abd-er-Rhâman tente de galvaniser ses troupes, mais il est tué au plus fort de la bataille. La tombée de la nuit interrompt le combat, largement à l'avantage de Charles qui vient de sauver l'occident de la menace musulmane.

Le lendemain, les Francs s'aperçoivent que les sarrasins se sont enfuis durant la nuit. Le pillage du camp commence et les francs s'emparent du butin considérable que les assaillants ont dû abandonner pour fuir : pierres précieuses, étoffes, bijoux mais aussi femmes et enfants qui seront vendus comme esclaves. Charles ne pourchassera pas les Sarrasins. Pour lui, le but n'était pas de conduire une croisade mais de briser l'assaut d'Abd-er-Rhâman. Mais il en profitera pour s'emparer des évêchés puis s'en va piller le midi. Il en chassera alors les chefs musulmans qui s'y étaient installés quelques années auparavant. C'est peut-être durant cette période que Charles obtiendra son surnom de Martel (Marteau)

L'offrande de Charles

À la chapelle de Ste Catherine de Fierbois, Charles déposera alors son épée. 700 ans plus tard, un armurier retrouvera l'épée sur ordre de Jeanne d'Arc. La rouille serait alors tombée miraculeusement de la lame.

Une date importante ?

Poitiers est-elle une date importante pour l'histoire de l'Europe, un coup d'arrêt ou bien un épisode parmi d'autres ? Certains historiens estiment que la bataille de Poitiers n'a pas eu un très grand retentissement dans la Gaule Mérovingienne. Les sources étant peu nombreuses, ces historiens estiment donc que la bataille n'a pas été très commentée. Les sources arabes la désignent comme Balat-al-shuada (chaussée des martyrs) mais ne s'étendent guère non plus dessus. La propagande carolingienne a su exploiter cette victoire, dans un but évident de dénigrer les mérovingiens. On peut aussi trouver une volonté manifeste d'éclipser la victoire du Basileus Léon III l'Isaurien qui venait de contenir les assauts contre Constantinople (un an de siège) et de réaffirmer la proéminence de Byzance sur la mer Égée, la mer Noire et la méditerranée centrale. Son action dissuada pour longtemps les musulmans d'attaquer l'Anatolie.

Mais même si Poitiers ne fut qu'une bataille parmi tant d'autres, même si elle n'a pas marqué un arrêt décisif aux attaques musulmanes en Gaule (qui se continueront encore plusieurs décennies) , elle a au moins arrêté géographiquement ces attaques. Poitiers n'a jamais été dépassé. Charles Martel en a retiré une gloire importante que la propagande ne peut pas expliquer à elle seule. Enfin, même si l'Islam était mal connu des Francs, les chroniqueurs insistaient bien sur la différence des deux religions.

732 n'est pas peut-être pas une date importante pour certains, mais elle l'est devenue dès l’avènement de Pépin le Bref. Récupérée par certains mouvements patriotique ou nationaliste, elle reste une charnière , un coup d'arrêt , une victoire, quoique l’on en dise. Car que ce serait-il passé en cas de défaite. Même si ce n’était qu’un raid, un raid réussi en aurait forcément entraîné un autre.

8 Comments:

At 8:36 AM, Anonymous Anonymous said...

La victoire de Charles Martel reste relative. En effet, les tribus arabes, réunies pour conquérir "l'europe" mais si dissemblables ont fini par se battre entre elles..
A lire, l'excellent ouvrage de Benoit Meschin "Ibn Seoud ou la naissance d'un royaume" qui relate la conquête arabe et son échec..

 
At 12:10 PM, Blogger davethesith said...

Justement, c'est ce coup d'arrêt (et la mort d'un chef berbère charismatique) qui a entrainé des dissensions en Andalousie et favorisé la Reconquista.

Dès la fin du VIIIeme siècle, les agressions berbères avaient quasiment disparu, Pépin le Bref avait repris Avignon et son fils Charlemagne devenait un des personnages les plus puissants d'Occident.

 
At 5:10 AM, Anonymous Anonymous said...

Bonjour,

Votre pseudonyme me dit quelque chose, se serait-on déjà croisé (peut-être France-Echos)?

Votre note est intéressante, d'autant que j'ai l'impression qu'on parle moins de cette bataille à l'école de nos jours...

 
At 10:14 AM, Blogger davethesith said...

J'ai laissé un bon nombre de commentaires sur le site de France Echos sous ce pseudo, effectivement.

Je regrette d'ailleurs qu'on ne puisse plus le faire.

Poitiers n'est quasiment plus étudié en primaire , un peu plus en 5eme

 
At 2:27 PM, Anonymous Anonymous said...

Evidement qu'elles se sont battues entre elles. C'est ce qui se passe toujours quand les choses commencent à mal tourner : on rejette la responsabiité sur l'autre et la dissension accélère le processus de défaite (Hospitaliers contre Templiers pendant la chute des états latins d'orient par exemple)

 
At 2:28 PM, Anonymous Anonymous said...

Evidement qu'elles se sont battues entre elles. C'est ce qui se passe toujours quand les choses commencent à mal tourner : on rejette la responsabiité sur l'autre et la discension accélère le processus de défaite (Hospitaliers contre Templiers pendant la chute des états latins d'orient par exemple)

 
At 10:59 AM, Anonymous Anonymous said...

il n;ya jamais vraiment eu de bataille a poitiers il a ete dis cela por la simple gloire de charles martel tout au plus une escrarmouche ou fut blesse le chef sarrazin que les arabes on voulu rappatrie en espagne ou se trouve les plus grands medecins arabe mais abdel rahman meurt en court de route gloire a charles martel qui n;a en fait pas fait grand chose sinon le chef de l,armee franque

 
At 3:23 AM, Blogger davethesith said...

Anonymous, apprend déjà à écrire le français avant de me donner des leçons d'histoire !! Tu seras déjà plus crédible, surtout quand tu viens jouer un tel pipeau... Cela te défrise tant que ton "chef" se soit pris une branlée à Poitiers ?

 

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