Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Sunday, October 22, 2006

Eté 44 : les Polonais se révoltent contre les nazis !!


Le 1er août 1944, la résistance polonaise lance le plus grand soulèvement intérieur contre une armée allemande. Deux mois plus tard, Varsovie est en ruine. Des milliers de polonais, civils ou soldats sont morts. Staline, pourtant, à quelques kilomètres de la capitale a laissé faire. Les alliés, occupés sur le front de l’ouest et déjà tentés par les fausses promesses de Staline n’ont quasiment pas tenté d’intervenir.
Attention, il n’est pas question ici du soulèvement du gettho juif , qui eut lieu en 1943, mais de la résistance durant 60 jours de la population de la ville, représentée par un gouvernement légitime mais en exil. Les conséquences de cette tragédie permettent de comprendre certains traits de notre époque contemporaine et de l’histoire récente de la Pologne
Tout commence le 1er août 1944 à 17 heures. Hitler apprend la révolte le soir même. Il charge le général SS Erich Von dem Bach-ZELEWSKI d’écraser la ville de « tuer les habitants, de ne prendre aucun otage. Varsovie doit être complètement rasée, afin de servir d’exemple effrayant à toute l’Europe » (Dixit Hitler lui-même)
Qui sont les insurgés ? Les membres de l’armée de l’intérieur (Armia Krajowa, AK) ainsi que des civils et d’autres organisations clandestines. L’AK représentait le gouvernement polonais en exil (rappelons que des Polonais ont participé au débarquement de Normandie). Ils étaient faiblement équipés : quelques milliers de carabines, de pistolets et de mitraillettes et environ 25 000 grenades (pour la plupart fabriquées dans des ateliers clandestins). Environ 40 000 combattants furent dénombrés. Les Allemands leur opposèrent 16 000 soldats puis 25 000 qui arrivèrent en renfort ainsi que de l’aviation et des chars. Le combat n’en était que plus disproportionné.
L’AK ne reconnaît pas le comité polonais de libération nationale qui est communiste. Elle veut libérer la Pologne ou, au minimum, peser sur les négociations d’après guerre. Les dirigeants polonais en exil savent très bien que le maître du Kremlin n’a pas que des idées démocratiques en tête. Ils ne seront pas écoutés.

Quelle situation en août 44
Sur le front de l’ouest, le débarquement a réussi, mais les alliés sont encore bloqués en Normandie. Patton n’a pas encore réussi sa percée. Sur le front de l’ouest, l’armée rouge vient de subir une défaite importante près de Varsovie les 29-31 juillet. Staline préfère alors se concentrer sur le front roumain. À cette date, l’armée soviétique a réussi à refouler totalement les Allemands de son territoire. En Allemagne, Hitler vient d’échapper à un attentat.
Les alliés parviennent à parachuter des vivres et des munitions les 4 et 5 août. Mais Staline refuse que les aérodromes d’Ukraine servent de bases arrières aux armées américaines : pas de pont aérien donc !! Le soutien va s’arrêter là. Le 6 Staline donne l’ordre d’arrêt de ses divisions en Pologne. Les insurgés sont désormais seuls. Le 10 septembre, les Allemands lancent une puissante contre-offensive sur la ville.

Les contre-attaques allemandes d’août avaient déjà fait 40 000 morts, notamment dans le quartier ouvrier de Wola. Les SS ratissent la ville, aidés par des anciens soldats soviétiques passés à la collaboration. Le 16 septembre, l’armée rouge refuse d’utiliser son artillerie pour sauver ce qui pourrait l’être. Deux semaines plus tard, l’AK capitule. La bataille de Varsovie a fait 220 000 morts (environ 40 000 insurgés et 180 000 civils). Du côté allemand, on dénombre 17 000 morts. À partir du 2 octobre, il faut ajouter 50 à 60 000 déportations. Varsovie est détruite à 80% !!

On peut se poser plusieurs questions. Pourquoi Staline a-t-il refusé d’aider l’AK. Tout simplement pour avoir les mains libres et n’avoir en Pologne que des résistants « amis ». L’élimination de l’AK lui permettait de placer ses pions. Une victoire de l’AK aurait permis d’enfoncer un coin important dans sa stratégie de mainmise sur l’Europe de l’Est car les Polonais en exil étaient alliés aux Américains et qu’ils voulaient prendre l’Armée Rouge de vitesse. Le refus de les aider relève donc d’une stratégie politique cynique mais tout à fait dans la ligne de Staline.

Du côté Allié, il est clair que le lâchage des insurgés a été une grave erreur politique. D’une part le gouvernement anglais qui a, dans un premier temps, soutenu l’AK a été surpris par le début de l’offensive qu’il estimait mal préparée (ce qui, hélas, était vrai, l’AK avait sous-estimé l’armée allemande). Rapidement, et malgré les appels de Churchill, Londres s’est désolidarisé de l’AK. Pour Roosevelt, il était hors de question de se mettre Staline à dos. Les deux armées, prises dans une course à Berlin, se trouvaient en concurrence. Roosevelt, de plus, croyait aux promesses de Staline sur la tenue d’élections démocratiques dans les territoires libérés. On sait qu’il n’en fut rien. On peut même s’interroger sur l’aveuglement de Roosevelt face à Staline. Pourquoi cet homme qui, dès le début de la crise, a poussé son pays vers la guerre en Europe, n’a pas vu venir la dictature du rideau de fer ?

La défaite des insurgés est à la fois une gloire polonaise mais aussi une page noire pour les alliés. À leur décharge, il est vrai que, trop occupé à l’Ouest, il aurait été difficile pour eux d’envoyer des troupes de manières massives en Pologne. Staline porte donc une responsabilité écrasante, mais il n’est donc pas le seul.

6 Comments:

At 1:44 AM, Anonymous Anonymous said...

A noter qu'aprés avoir progressé de centaines de kms auparavant, l'armée rouge devait faire une pause.

Mais le refus des bases aériennes pour les escadrons polonais de la RAF est impardonnable, surtout que l'aviation soviétique s'est à plusieurs reprises interposé dans ses missions de secours.

Quand au Alliés de l'Ouest, ils n'étaient guére partisans d'une révolte populaire dans une guerre qu'il voulait "conventionnelle", l'insurrection de Paris par exemple à bouleversé les plans du SHAEF qui n'avaient pas envie de gaspiller la logistique pour ravitaller une ville de 2 M d'hab., mais nécessité à fait force de loi dans ce cas pour éviter des destructions qui auraient put étre comparable à celle de Varsovie quelques semaines auparavant (plus l'insistance De Gaulle)

 
At 2:38 AM, Blogger davethesith said...

Merci pour ces précisions qui n'enlèvent cependant pas cette tache dans l'histoire des alliés.

En effet, des unités polonaises ont participé aux deux débarquement de France. On aurait pu mieux les récompenser et leur éviter au final 50 ans de communisme

 
At 10:04 AM, Anonymous Anonymous said...

C'était le dilemme, en 39, on à déclarer la guerre à l'Allemagne pour aider la Pologne, en 45, à moins de déclarer la guerre à Staline, le sort du pays était scellé.

Cette éventualité avait titillé Churchill et Patton qui prévoyaient de réarmer les prisoniers allemands dans ce cas, mais franchement, à l'époque, ce n'était guére concevable pour l'opinion publique occidental à peine sortit d'un long cauchemar de recommencer un combat de titan contre l'allié russe.

Des insurrections organisé par les PC de France et d'Italie étaient inévitable en telle cas de figure.

 
At 4:44 AM, Anonymous Anonymous said...

Les soviétiques sont restés l'arme au pieds lors de l'insurrection de Varsovie pour de nombreuses raisons.
La première stratégique, le nettoyage de la ville devait occuper et affaiblir de nombreuses divisions SS, divisions qui auraient pu s'occuper ailleurs sur le front.
La deuxième, la peur des soviétiques et de Staline de voir une résistance Polonaise forte en cas d'assistance Russe. Il ne faut pas oublier qu'en 39 la Russie a envahit conjointement la Pologne avec l'Allemagne. L'indépendance Polonaise n'a jamais été souhaitée par Staline.
Troisième point,le soulèvement de Varsovie partait du ghetto et donc de la résistance Juive. Staline était un anti-sémite convaincu qui se souciait fort peu du sort des juifs.
Enfin Politiquement, il est de notoriété que le soutient majeur d'une pologne libérée de toute influence était Churchill. inutile de rappeler la "bon entente anglo-russe".

 
At 6:45 AM, Anonymous Anonymous said...

Staline a interdit par radio à tout avion allié de passer sur "son" terrain : tout contrevenant sera abattu.
Roosevelt estime (l'avenir lui donnera raison) que les combats en Allemagne vont se terminer bien avant la reddition du Japon. Il a besoin du soutien de Staline contre le Japon et ne peut donc pas se l'aliéner. La Pologne est donc sacrifiée politiquement. Staline déclarera la guerre au Japon exactement à la date promise -ce qui ne changera RIEN à l'attitude du gouvernement japonais-.
La france agira de même en juillet 1962, après l'indépendance de l'algérie : à Oran, plus de 3500 (trois mille cinq cent) civils français seront tués par la population (pas par le FLN) avec toute une armée dans la ville, qui ne bougera pas. Malgré les appels à l'aide sur de nombreuses radio, le gouvernement ne bougera pas. Le général en question (Katz), sur place à Oran, sera récompensé par de gaulle par une ascension rapide dans les plus hautes sphères. Encore une fois la politique l'emporte sur l'humanitaire.

batentfranck@yahoo.fr

 
At 11:05 AM, Anonymous Anonymous said...

Merci pour l'article !

 

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