Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Saturday, February 24, 2007

Verdun , 21 février 1916-2007

La visite récente de Nicolas Sarkozy à Verdun a coïncidé avec le 81e anniversaire du début de cette terrible bataille, l’une des plus meurtrières de l’histoire humaine. Histoires et Polémiques se devait de revenir sur cet événement, d’autant que, Lorrain, je porte en moi, les stigmates de cette douloureuse époque.

1916 : Ce qu’on appellera La Grande Guerre a commencé, il y a 18 mois. Déclenché par l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, le conflit avait pourtant démarré sous les auspices d’une « guerre courte et joyeuse ». Les Français qui partaient dans la joie en août 14 récupérer l’Alsace et la Lorraine pensaient revenir pour la moisson. Rapidement, la tournure des événements a totalement changé la donne : à la guerre de mouvement a succédé une guerre de position, d’usure, de tranchée, une guerre atroce, rythmée par des saignées humaines sans précédents et organisée par des incapables qui n’ont qu’une tactique : lancer le plus d’hommes dans la mêlée en espérant déborder l’ennemi.

Le 21 février 1916, à Verdun, les Allemands déclenchent les hostilités en bombardant durant 4 jours sans discontinuer le site. Pour le général allemand Falkenhayn le but est simple: les forces de la France seront saignées à mort… que nous atteignions notre objectif ou non. On ne peut être plus clair. Verdun est une place stratégique : elle se trouve près d’une usine d’armement (Briey Thionville) et c’est un verrou qui permettrait d’encercler les forces françaises. De plus, Joffre prépare une offensive dans la Somme. Il faut donc le prendre de vitesse.

Le premier obus tombe dans la cour épiscopale de Verdun. Deux millions d’autres vont suivre durant les 96 heures suivantes. Un déluge de fer censé miner le moral des soldats français. Le paysage devient lunaire (une immense photographie que l’on peut voir au musée de la bataille montre un décor apocalyptique : plus aucun arbre mais des cratères à perte de vue). 4 jours plus tard le fort de Douaumont est pris. Mais ce laminage présente également des désavantages : la progression des troupes allemandes est fortement ralentie et cette perte de temps permet aux Français de se réorganiser. L’homme qui met en œuvre la contre attaque n’est autre que le Général Pétain qui va gagner ici l’autorité qui en fera le dernier recours en 1940.

Pétain organise une rotation intensive des troupes, établit une artère essentielle pour le ravitaillement, artère que le carpinien Maurice Barrès appellera « La voie sacrée’ . Aucun stationnement n’est autorisé sur cette route, tout véhicule en panne est poussé au fossé, le flot de camions ne doit jamais s’arrêter . Enfin, Pétain utilise l’aviation pour prévoir les mouvements ennemis.

La bataille proprement dite est alors engagée. Elle dure 10 mois. 300 000 hommes vont périr dans cet enfer (163 000 français, 143 000 allemands), des villages entiers comme Fleury sont rayés de la carte. Le 24 octobre, le fort de Douaumont est repris. Le fort de Vaux est évacué par les Allemands en novembre. En décembre, les troupes allemandes sont revenues sur leur ligne de départ. Gains territoriaux : nuls !!

Verdun fut-il une bataille pour rien ? D’un point de vue stratégique, sans doute. La bataille n’a permis aucun gain des deux côtés. D’un point de vue humain, elle démontre par l’absurde l’inutilité des batailles de masses. Mais pour le combattant français, comme pour ses contemporains, Verdun a représenté la résistance à l’ennemi « prussien ». Une bataille pour rien ? Sans doute. Mais un symbole que chaque Français devrait visiter au moins une fois dans sa vie. Devant les innombrables rangées de croix, devant le carré musulmans, devant la stèle israélite, il comprendra alors le sacrifice incroyable de ces soldats qui, tout en condamnant une guerre inutile, ont donné leur vie à la France qu’ils aimaient tant. Ils venaient de tous les endroits où l’on parlait français. Ils sont venus mourir à Verdun. Non pas pour rien, mais pour éviter que tombe le pays.

En se rendant à Verdun en ce jour anniversaire, Sarkozy n’a fait que rendre hommage au sacrifice de tous ceux qui ont défendu notre pays. Qu’il soit le seul candidat à l’avoir fait a sans doute une valeur symbolique !!