Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Wednesday, November 22, 2006

Corneille : 400e anniversaire



Petite devinette. Quel dramaturge français a vu le 400e anniversaire de sa naissance « oublié » cette année ?? Pierre Corneille bien sûr !!

Aussi stupéfiant que cela paraisse, l’auteur du Cid né le 6 juin 1606 n’a fait l’objet d’aucune commémoration digne de ce nom, la France ayant préféré s’intéresser à Mozart, compositeur de grand talent (le plus grand en fait) mais autrichien. Histoires et polémiques vont réparer cet oubli !!

Corneille est né à Rouen. Il est l’aîné de 6 enfants d’une famille de magistrats de Rouen. En toute logique, à 22 ans, le jeune homme entame une carrière d’avocat, mais le destin en décidera autrement : un dépit amoureux, en 1629, lui fait écrire des vers. Il se découvre une passion pour cet art et se lance dans la rédaction de pièces tragiques. Mais à la différence de certains de ces « concurrents », il met en scène la société du XVIIe siècle et ne cherche pas forcément ses références dans l’Antiquité.

Associé un moment à l’Etat (Richelieu en a fait un auteur officiel) , il rompt avec ce dernier pour écrire des pièces sur la haute noblesse dont le plus grand fleuron est Le cid. En 1647, il est élu à l’Académie Française.

Corneille va profiter de la crise de la Fronde et de la mort de Richelieu pour régler certains comptes avec le Cardinal de Louis XIII, notamment dans La mort de Pompée. Il s’interroge sur la guerre civile avec Rodogne. Si la Fronde ne fut pas une guerre civile, elle n’en fut pas moins un sévère affrontement entre les parties les plus puissantes du royaume. Enfin, on peut aussi citer Héraclius, Don Sanche et Andromède où il s’intéresse à la nature même du roi.

Mais à partir de 1650, ses pièces connaissent moins de succès. Jean Racine est le dramaturge à la mode et ses pièces sont plus accès sur le sentiment.

Corneille n’en continue pas moins son travail de dramaturge. Il améliore aussi la machinerie du théâtre, développant les « effets spéciaux » (dans La toison d’or, par exemple). Sa dernière pièce, Suréna, date de 1674

Mais la fin de sa vie est difficile. Boileau doit même demander pour lui une pension royale que Louis XIV lui accordera. Il meurt à paris le 1er octobre 1684.

Pourquoi Pierre Corneille est-il « renié » par l’état alors que son œuvre est universellement connue. Sans doute à cause du Cid.

En effet, la pièce se passe durant la Reconquista qui voit la péninsule Ibérique reprendre, petit à petit, son territoire sur les Maures, installés depuis 711 et la chute du royaume Wisigothique. Réfugiés dans le nord du pays, les rois chrétiens n’ont jamais accepté la perte de leurs royaumes et ils vont se lancer dans une guerre de plus de 700 ans (elle s’achèvera définitivement en 1492 avec la chute de Grenade) , marquée par des revers (la période de l’an mil qui voit les victoires du puissant berbère Al-Man Sur) et des victoires. Le Cid prend donc comme toile de fond le combat du roi de Castille, qui vient de transférer sa cour de Burgos à Séville afin de lutter plus efficacement contre les Maures.

La pièce contient quelques vers magnifiques, entrés dans la légende de la littérature comme :
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Ou bien

Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point le nombre des années. (Acte II, scène 2, Don Rodrigue au Comte)

Le problème de Corneille viendrait donc que, en ces temps où les lâches qui nous gouvernent craignent la réaction de la rue et des banlieues, il parle d’un conflit entre chrétiens et musulmans. Soit dit en passant, ce n’est absolument pas le sujet de la pièce (c’est l’amour contrarié entre Chimène et Rodrigue). Il est donc amusant (ou consternant) de constater la frilosité des dirigeants qui préfèrent mettre sous le boisseau un des plus grands dramaturges français afin de ne pas heurter la sensibilité des « djeunes » de banlieues. Ou alors, autre hypothèse, leur ignorance est si crasse qu’ils ont totalement fait l’impasse sur Pierre Corneille. Ce qui n’est pas très rassurant non plus !!

Saturday, November 11, 2006

Septembre noir : 1970 .

Il est intéressant de voir combien certains évènements disparaissent de la mémoire humaine comme par enchantement. Si tout le monde (enfin, ceux qui ont vu Munich) savent que Septembre Noir est une organisation terroriste, beaucoup moins sont au courant que c’est aussi le nom d’un événement qui ne peut que relativiser les évènements récents entre Israël et les Palestiniens.

Revenons en septembre 1970. Yasser Arafat appelle au renversement de la monarchie des Hachémites en Jordanie. Pourquoi ? Il estime que 75% des Jordaniens sont des Palestiniens à un degré ou à un autre. Depuis la fin de la guerre des 6 jours et la prise de la Cisjordanie, les combattants vaincus d’Arafat, les fedayin, ainsi que des milliers de réfugiés, sont venus en Jordanie. Arafat utilise alors son pays d’accueil comme une base arrière.

Dans le même temps, le roi Hussein cherche un compromis avec Israël. Il adhère au plan Rodgers qui suppose la fin d’opérations militaires contre l’état hébreu. Mais le Fatah et le FPLP de Georges Habbache estiment qu’Hussein trahit la cause palestinienne. Début 1970, Hussein réduit les activités des Fedayin. Les choses vont vite s’envenimer.

Le 1er septembre, le roi échappe à un attentat. Le 6, le FPLP détourne 4 avion de lignes sur Amman. Habbache déclare « " Tout ce que nous voulions, c'était combattre Israël et rien d'autre. Mais le régime jordanien considérait que notre seule présence dans le pays représentait pour lui un danger (… ) Pour nous, le roi Hussein était un dirigeant réactionnaire, chef d'un état réactionnaire et donc un obstacle. Et pour réussir notre révolution, nous devions supprimer cet obstacle ". »

Le 16, le roi décrète la loi martiale

Le 17 septembre , les bédouins d’Hussein attaquent les Fedayin. La 1e division de Tank de l’armée jordanienne, dirigée par un cousin du roi Chérif Zeid Ben Chaker bombardent les camps de réfugiés et les permanences des organisations palestiniennes. Au bout de 10 jours, les camps sont rasés et les palestiniens doivent trouver refuge au Liban.

La Syrie envoie alors des chars à la frontière afin de venir en aide aux Palestiniens, mais Hussein sollicite l’aide des USA et de quiconque prêt à empêcher la Syrie d’intervenir. Israël répond en envoyant des avions simuler des attaques contre les tanks syriens. L’armée syrienne fait demi-tour, abandonnant les troupes d’Arafat.

Le 27 septembre, Nasser parvient à faire cesser les hostilités.

. Arafat ne devra son salut qu’en se réfugiant également au Liban, déguisé et aidé par le président du Soudan Noumérie.

Le nombre de victimes n’est pas connu : il oscille entre 3500 (sources jordaniennes) et 10 000 (sources palestiniennes).

On peut donc affirmer , sans trop se tromper, que la répression de Septembre Noir a fait nettement plus de morts chez les palestiniens que les intifada successives. Pourtant, on n’en parle jamais chez les pro-Arafat ou les pro-palestiniens. Les dictatures du Moyen Orient qui prétendent aider les palestiniens « victimes de l’oppresseur sioniste » sont également très discrets sur le sujet. Quand aux médias, pour eux, un bon tueur de palestinien ne peut être que juif !!