Histoire&polémiques

Des petits articles qui se proposent de faire le point sur tels ou tels aspects de notre histoire . Amateurs du politiquement correct, s'abstenir

Saturday, October 28, 2006

La bataille de Iéna (14 octobre 2006)



La France a honte de son passé. Et en particulier de Napoléon. L’an dernier, elle n’avait pas jugé bon de fêter le bicentenaire d’Austerlitz. Cette année c’est Iéna qui est passée à la trappe. Cette bataille est pourtant un autre grand fait d’armes de l’Empereur. Histoires et Polémiques revient donc dessus car la connaissance de notre passé ne doit pas être occultée par les actes de repentances.

Durant l’été 1806, l’Europe est en paix. La rivalité France-Angleterre s’est amoindrie, Austerlitz et Trafalgar ayant établi la proméninence des deux royaumes dans leur domaine respectif . La mer pour la Grande-Bretagne, le continent pour la France. La mort de William Pitt, farouche adversaire de Napoléon a de plus amélioré le climat. Enfin, l’Angleterre n’est pas au mieux économiquement.

Mais tout ne va pas forcément bien dans le meilleur des mondes. Napoléon a réorganisé le St Empire en une confédération d’Etat qui lui sont forcément favorables : la Confédération du Rhin. Et cela inquiète Frédéric III de Prusse. La grande Armée est en Bavière et en Moravie afin de surveiller les unités autrichiennes et russes de la 3e coalition.

Le ton monte entre Prusse et France. Par provocation, les officiers de l'armée prussienne se plaisent à aiguiser leurs sabres sur les marches de l'ambassade de France à Berlin. Frédéric III lance à qui veut l'entendre : « Pas besoin de sabres, les gourdins suffiront pour ces chiens de Français ».

Pour couronner le tout, il scelle un pacte d’alliance avec Alexandre Ier et jure de ne pas se séparer tant que la victoire sur la France ne sera pas acquise. Prusse, Russie, Suède et Saxe vont alors former la 4e coalition. Ils seront rejoints par l’Angleterre le 14 septembre à la mort du Premier ministre Fox, plus favorable à Napoléon.

Le 4 octobre, l’Empereur reçoit un ultimatum exigeant le retrait des troupes françaises des rives droites du Rhin. Aussitôt la Grande armée, forte de 180 000 hommes submerge la confédération. Une première confrontation le 10 octobre voit la mort du neveu de Frédéric II, mais la victoire n’est pas définitive. Le corps prussien est repoussé à Saalfeld, mais les armées de la coalition se retire vers le nord, laissant une forte arrière-garde à Iéna.

Le Maréchal Lannes arrive avec une partie de la Grande armée : 55 000 hommes plus 10 000 cavaliers. Le tout est appuyé par 173 canons. Napoléon commande le tout. En face, les Prussiens sont environ 50 000 et disposent de 120 canons.

Iéna est situé dans une vallée encaissée. L’empereur va lui-même diriger les travaux qui vont élargir l’étroit chemin afin d’y faire passer l’artillerie. Il parvient ainsi à surplomber l’armée prussienne concentrée devant lui.

À 6 heures du matin, il donne l’ordre d’attaque. Surpris, les Prussiens croient à une attaque massive. Mais de leur droite sortent 30 000 français du brouillard. Immédiatement, Lannes bouscule la réserve du général Tauertzien tandis que Soult progresse par la droite et Augereau par la gauche. La bataille est perdue pour la Prusse et Napoléon ordonne la poursuite des fuyards. La cavalerie de Murat parvient à saisir l’artillerie ennemie.

On dénombrera 12 000 morts chez les Prussiens et 6 000 chez les Français. À cela s’ajoute 14 000 prisonniers.

Le même jour la victoire française d'Auerstaedt (Davout avec 27 000 hommes bat les 60 000 soldats prussiens de Brunswick) amplifie l’ampleur du triomphe. La Prusse a perdu 45 000 hommes et toute son artillerie.

Le 27 octobre, Napoléon entre à Berlin. Le 28, Murat capture le prince de Hohenlohe et toute son armée. Le 30 novembre, la Prusse est contrainte à la paix : Elle perd la moitié de son territoire, 5 millions d’habitants, une partie de ses places fortes (Magdeburg, Erfurt, Stettin, Graudeuz, Dantzig) et doit payer une indemnité de 120 millions de francs de l’époque.

Si elle est la grande perdante de l’histoire, cette victoire sera l’une des dernières vraiment éclatantes de Napoléon.

Bientôt viendra la guerre en Espagne, les échecs en Russie , les saignées des années 1810-1813…

Mais là n’est pas le soucis. Comment se fait-il que la France ait honte à ce point de son passé, qu’elle se refuse désormais à le fêter. Hormis pour faire acte de repentance , notre pays rejette dans l’ombre tout ce qui a fait sa grandeur. C’est un crime contre notre mémoire. Un crime contre notre histoire.

Monday, October 23, 2006

25 octobre 732 : Poitiers


L'islam s'est répandu comme une traînée de poudre durant tout le VIIe siècle, balayant l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Asie. Le royaume Wisigothique d'Espagne est tombé en 711 et le dynamisme de la nouvelle religion ne faiblit pas. Malgré la résistance des derniers Wisigoths, réfugiés au nord de l'Espagne, c'est la Gaule mérovingienne qui est désormais en ligne de mire….

À l'assaut du royaume franc

Abd-er-Rhâman, émir de Cordoue, veut étendre ses conquêtes au-delà des Pyrénées. En 719, Narbonne est prise. En 725, c'est au tour de Carcassonne et Nîmes. Puis Bordeaux est mise à sac. L'Aquitaine devient une terre de pillage, très tentante car riche. Et les rois mérovingien, les descendants de Clovis, n'ont plus assez de pouvoir pour s'y opposer.

Charles Martel

Charles est le fils bâtard de Pépin de Herstal, maire du palais d'Austrasie. Un Carolingien donc, à la solde d'un roi Mérovingien. Il a réussi à s'imposer face aux Neustriens. Riche, il possède de nombreuses villae dans la région de Metz et de Verdun. La femme de Pépin , plectrude, a fait enfermer Charles . Celui s'évade à 25 ans, en 714, à la mort de son père.

Il va reprendre la place de son père comme Maire du palais d'Austrasie. Il multiplie les campagnes à partir de 716 contre les Frisons, les Saxons, les Alamans. Il va jusqu'au Danube soumettre les Bavarois. En 731, il s'attaque à Eudes d'Aquitaine. Eudes qui avait déjà eu affaire aux sarrasins : en 721, il les bat à Toulouse puis, afin de conjurer le péril, s'allie à Mununza, le gouverneur berbère de Septimanie. Mais ce dernier est tué par Abd-er-Rhâman qui reprend le pillage du sud de la Gaule.

L'appel d'Eudes

Quand les Sarrasins, après avoir pillé le sud de l'Aquitaine, prennent le chemin de St Martin de Tour, une riche abbaye, Eudes n'a guère le choix, il doit faire appel à son ennemi même s'il craint que Charles Martel n'en profite pour s'emparer des richesses de l'Aquitaine.

Charles va alors rassembler son armée, après avoir publié le ban. Il passe la Loire à Orléans et se dirige vers Tour, non loin de l'abbaye. Il prend ensuite la direction de Poitiers, son armée s'étant fondue avec celle d'Eudes. A Moussais, sur la commune de Vouneuil-sur-Vienne, les Francs sont face aux Sarrasins. Durant 6 jours, les cavaliers s'observent, se jaugent, se livrent à quelques escarmouches.

Le choc des civilisations

Le samedi 25 octobre 732, premier jour du Ramadan, les deux armées sont face à face. Abd-er-Rhâman , une fois la prière du midi terminée, lance la charge aux cris de "Ahadoum, ahadoum" (il n'y a qu'un seul dieu).La tactique est limpide : éviter la confrontation générale, émietter l'armée adverse et transformer la bataille en une succession de petits duels. Mais les Francs, en guerre depuis 20 ans, ne se laissent pas intimider par les cris des musulmans, pas plus que par la pluie de flèches qui tombe sur les premiers rangs. C'est au tour des francisques de se lancer à l'assaut des vagues arabes qui ne parviennent pas à briser le mur franc.

Vers la fin de l'après-midi, l'armée franque passe à l'offensive. Brutale, sanglante. Profitant de la fatigue des Sarrasins, ils font un véritable carnage dans leur rang. Abd-er-Rhâman tente de galvaniser ses troupes, mais il est tué au plus fort de la bataille. La tombée de la nuit interrompt le combat, largement à l'avantage de Charles qui vient de sauver l'occident de la menace musulmane.

Le lendemain, les Francs s'aperçoivent que les sarrasins se sont enfuis durant la nuit. Le pillage du camp commence et les francs s'emparent du butin considérable que les assaillants ont dû abandonner pour fuir : pierres précieuses, étoffes, bijoux mais aussi femmes et enfants qui seront vendus comme esclaves. Charles ne pourchassera pas les Sarrasins. Pour lui, le but n'était pas de conduire une croisade mais de briser l'assaut d'Abd-er-Rhâman. Mais il en profitera pour s'emparer des évêchés puis s'en va piller le midi. Il en chassera alors les chefs musulmans qui s'y étaient installés quelques années auparavant. C'est peut-être durant cette période que Charles obtiendra son surnom de Martel (Marteau)

L'offrande de Charles

À la chapelle de Ste Catherine de Fierbois, Charles déposera alors son épée. 700 ans plus tard, un armurier retrouvera l'épée sur ordre de Jeanne d'Arc. La rouille serait alors tombée miraculeusement de la lame.

Une date importante ?

Poitiers est-elle une date importante pour l'histoire de l'Europe, un coup d'arrêt ou bien un épisode parmi d'autres ? Certains historiens estiment que la bataille de Poitiers n'a pas eu un très grand retentissement dans la Gaule Mérovingienne. Les sources étant peu nombreuses, ces historiens estiment donc que la bataille n'a pas été très commentée. Les sources arabes la désignent comme Balat-al-shuada (chaussée des martyrs) mais ne s'étendent guère non plus dessus. La propagande carolingienne a su exploiter cette victoire, dans un but évident de dénigrer les mérovingiens. On peut aussi trouver une volonté manifeste d'éclipser la victoire du Basileus Léon III l'Isaurien qui venait de contenir les assauts contre Constantinople (un an de siège) et de réaffirmer la proéminence de Byzance sur la mer Égée, la mer Noire et la méditerranée centrale. Son action dissuada pour longtemps les musulmans d'attaquer l'Anatolie.

Mais même si Poitiers ne fut qu'une bataille parmi tant d'autres, même si elle n'a pas marqué un arrêt décisif aux attaques musulmanes en Gaule (qui se continueront encore plusieurs décennies) , elle a au moins arrêté géographiquement ces attaques. Poitiers n'a jamais été dépassé. Charles Martel en a retiré une gloire importante que la propagande ne peut pas expliquer à elle seule. Enfin, même si l'Islam était mal connu des Francs, les chroniqueurs insistaient bien sur la différence des deux religions.

732 n'est pas peut-être pas une date importante pour certains, mais elle l'est devenue dès l’avènement de Pépin le Bref. Récupérée par certains mouvements patriotique ou nationaliste, elle reste une charnière , un coup d'arrêt , une victoire, quoique l’on en dise. Car que ce serait-il passé en cas de défaite. Même si ce n’était qu’un raid, un raid réussi en aurait forcément entraîné un autre.

Sunday, October 22, 2006

Eté 44 : les Polonais se révoltent contre les nazis !!


Le 1er août 1944, la résistance polonaise lance le plus grand soulèvement intérieur contre une armée allemande. Deux mois plus tard, Varsovie est en ruine. Des milliers de polonais, civils ou soldats sont morts. Staline, pourtant, à quelques kilomètres de la capitale a laissé faire. Les alliés, occupés sur le front de l’ouest et déjà tentés par les fausses promesses de Staline n’ont quasiment pas tenté d’intervenir.
Attention, il n’est pas question ici du soulèvement du gettho juif , qui eut lieu en 1943, mais de la résistance durant 60 jours de la population de la ville, représentée par un gouvernement légitime mais en exil. Les conséquences de cette tragédie permettent de comprendre certains traits de notre époque contemporaine et de l’histoire récente de la Pologne
Tout commence le 1er août 1944 à 17 heures. Hitler apprend la révolte le soir même. Il charge le général SS Erich Von dem Bach-ZELEWSKI d’écraser la ville de « tuer les habitants, de ne prendre aucun otage. Varsovie doit être complètement rasée, afin de servir d’exemple effrayant à toute l’Europe » (Dixit Hitler lui-même)
Qui sont les insurgés ? Les membres de l’armée de l’intérieur (Armia Krajowa, AK) ainsi que des civils et d’autres organisations clandestines. L’AK représentait le gouvernement polonais en exil (rappelons que des Polonais ont participé au débarquement de Normandie). Ils étaient faiblement équipés : quelques milliers de carabines, de pistolets et de mitraillettes et environ 25 000 grenades (pour la plupart fabriquées dans des ateliers clandestins). Environ 40 000 combattants furent dénombrés. Les Allemands leur opposèrent 16 000 soldats puis 25 000 qui arrivèrent en renfort ainsi que de l’aviation et des chars. Le combat n’en était que plus disproportionné.
L’AK ne reconnaît pas le comité polonais de libération nationale qui est communiste. Elle veut libérer la Pologne ou, au minimum, peser sur les négociations d’après guerre. Les dirigeants polonais en exil savent très bien que le maître du Kremlin n’a pas que des idées démocratiques en tête. Ils ne seront pas écoutés.

Quelle situation en août 44
Sur le front de l’ouest, le débarquement a réussi, mais les alliés sont encore bloqués en Normandie. Patton n’a pas encore réussi sa percée. Sur le front de l’ouest, l’armée rouge vient de subir une défaite importante près de Varsovie les 29-31 juillet. Staline préfère alors se concentrer sur le front roumain. À cette date, l’armée soviétique a réussi à refouler totalement les Allemands de son territoire. En Allemagne, Hitler vient d’échapper à un attentat.
Les alliés parviennent à parachuter des vivres et des munitions les 4 et 5 août. Mais Staline refuse que les aérodromes d’Ukraine servent de bases arrières aux armées américaines : pas de pont aérien donc !! Le soutien va s’arrêter là. Le 6 Staline donne l’ordre d’arrêt de ses divisions en Pologne. Les insurgés sont désormais seuls. Le 10 septembre, les Allemands lancent une puissante contre-offensive sur la ville.

Les contre-attaques allemandes d’août avaient déjà fait 40 000 morts, notamment dans le quartier ouvrier de Wola. Les SS ratissent la ville, aidés par des anciens soldats soviétiques passés à la collaboration. Le 16 septembre, l’armée rouge refuse d’utiliser son artillerie pour sauver ce qui pourrait l’être. Deux semaines plus tard, l’AK capitule. La bataille de Varsovie a fait 220 000 morts (environ 40 000 insurgés et 180 000 civils). Du côté allemand, on dénombre 17 000 morts. À partir du 2 octobre, il faut ajouter 50 à 60 000 déportations. Varsovie est détruite à 80% !!

On peut se poser plusieurs questions. Pourquoi Staline a-t-il refusé d’aider l’AK. Tout simplement pour avoir les mains libres et n’avoir en Pologne que des résistants « amis ». L’élimination de l’AK lui permettait de placer ses pions. Une victoire de l’AK aurait permis d’enfoncer un coin important dans sa stratégie de mainmise sur l’Europe de l’Est car les Polonais en exil étaient alliés aux Américains et qu’ils voulaient prendre l’Armée Rouge de vitesse. Le refus de les aider relève donc d’une stratégie politique cynique mais tout à fait dans la ligne de Staline.

Du côté Allié, il est clair que le lâchage des insurgés a été une grave erreur politique. D’une part le gouvernement anglais qui a, dans un premier temps, soutenu l’AK a été surpris par le début de l’offensive qu’il estimait mal préparée (ce qui, hélas, était vrai, l’AK avait sous-estimé l’armée allemande). Rapidement, et malgré les appels de Churchill, Londres s’est désolidarisé de l’AK. Pour Roosevelt, il était hors de question de se mettre Staline à dos. Les deux armées, prises dans une course à Berlin, se trouvaient en concurrence. Roosevelt, de plus, croyait aux promesses de Staline sur la tenue d’élections démocratiques dans les territoires libérés. On sait qu’il n’en fut rien. On peut même s’interroger sur l’aveuglement de Roosevelt face à Staline. Pourquoi cet homme qui, dès le début de la crise, a poussé son pays vers la guerre en Europe, n’a pas vu venir la dictature du rideau de fer ?

La défaite des insurgés est à la fois une gloire polonaise mais aussi une page noire pour les alliés. À leur décharge, il est vrai que, trop occupé à l’Ouest, il aurait été difficile pour eux d’envoyer des troupes de manières massives en Pologne. Staline porte donc une responsabilité écrasante, mais il n’est donc pas le seul.

Saturday, October 21, 2006

C'est parti...

Histoire !! reflet de notre passé, ligne droite de notre avenir. Sans Histoire, il n'y a pas de présent. C'est parce que notre société actuelle nie notre passé qu'elle se condamne à répéter ses erreurs.

Histoire&polémiques se veut un blog de partage. Picorant au gré des milliers d'années qui nous contemplent, je prends un sujet, je vous l'offre et ensuite nous en discutons. Pas de suite logique donc, je peux parler un jour de la prise de Jérusalem puis enchaîner sur la révolte du gettho de Varsovie.

Pas d'Histoire officielle ici, pas de politiquement correct non plus mais juste une vision subjective de notre passé. A vous d'en discuter, à vous de polémiquer.